François-Xavier Souvay de Lumenpulse – Entrepreneur de l’année et beaucoup plus
16 juin 2016
François-Xavier Souvay, président fondateur d’Éclairage Lumenpulse, est un homme occupé. Il vole de succès en succès, fait de nouvelles acquisitions, accumule les prix prestigieux et les brevets et pourtant, il demeure d’une grande disponibilité pour partager sa passion de l’éclairage. D’entrée de jeu, je lui demande ce qui le motive. « Bâtir une marque forte qui peut survivre et qui ait un sens. Ma plus grande fierté c’est de voir nos produits régler des défis de façon magistrale et voir les employés s’approprier ces projets. » L’entreprise montréalaise de 5 employés fondée par François-Xavier Souvay en 2006 en compte maintenant 600, répartis sur trois continents.
Entrepreneur ou concepteur d’éclairage architectural?
« Au milieu des années 80, j’étais étudiant à l’École des hautes études commerciales. Le taux de chômage avoisinait alors les 14 % et j’ai reçu une offre d’emploi d’une entreprise d’éclairage en démarrage, Éclairage Z. C’était un domaine que je connaissais par osmose, mon père étant un artiste, concepteur d’éclairage originaire du monde du spectacle. » À 23 ans, son employeur lui confie le mander d’ouvrir le marché américain. L’entreprise progresse rapidement et sera vendue à un holding américain. On lui offre alors de déménager aux États-Unis, mais il désire avant tout conserver sa liberté d’entrepreneur. Fatigué de toujours être en voyage, 3 semaines sur 4, désireux de fonder une famille, il se porte acquéreur de Luxtec en 1999. « Cette entreprise a été le berceau de Lumenpulse. » De 2006 à 2008, l’entreprise développe des produits et dépose des brevets. L’entreprise progresse rapidement sans avoir recours à des investisseurs externes.
Deux ans après la fondation de Lumenpulse, son ami Nicolas Bélanger se joint à lui en 2008. Ensemble, ils investissent et en 2010 mettent le cap sur le marché américain. En 2011, ils ouvrent un bureau à Londres et l’entreprise fait une première ronde d’investissements privés, sans faire appel à aucun capital de risque. Ils en font une seconde en 2012. « Nous avons alors reçu une offre d’achat, mais on a décidé de miser sur notre potentiel et au lieu de vendre, on a décidé de croître encore plus et de lancer un appel public à l’épargne en 2014, ce qui nous a permis de faire de nouvelles acquisitions en Angleterre et en Italie, et plus récemment l’acquisition de Fluxwerx de Vancouver au printemps dernier. »
Il poursuit en disant, « entrepreneur, je ne peux pas l’être à moitié. L’entreprise a progressé rapidement. Nous nous sommes concentrés sur le développement de produits et l’éclairage de spécification qui combine design et technologie. Notre succès fut quasi instantané. On connaissait l’éclairage architectural et nous avons gardé le focus sur ce segment de l’éclairage en contrôlant l’ensemble des composantes, y compris l’ingénierie. Nous sommes l’une des rares entreprises mondiales dont le focus est exclusivement architectural. En Europe, nous éclairons le patrimoine architectural. En Amérique du Nord, notre approche est différente, on fait également de l’éclairage intérieur. Notre mandat est le même : utiliser l’éclairage comme une matière ayant une fonction, éclairer de façon confortable, mettre en valeur les bâtiments et le patrimoine et intégrer l’éclairage à la mécanique du bâtiment. »
La culture d’entreprise – composante essentielle de l’entrepreneur
Cette expansion rapide n’est pas sans apporter son lot de défis. Je lui demande lequel est le plus difficile. Sans hésiter, il répond que c’est le maintien de la culture d’entreprise. « Dans les processus d’expansion et d’acquisitions, il est important de maintenir notre vision. Réussir une acquisition c’est un peu comme un mariage, il faut respecter l’autre et faire comprendre qui tu es. C’est simple, mais ça demande beaucoup d’énergie. Dans nos acquisitions nous n’avons pas eu à faire de synergie de coûts, nous n’avons donc pas eu de coupures de personnel à faire. C’est différent lorsque nous devons faire des restructurations. Certains choix sont difficiles, mais il faut alors penser à l’ensemble des employés et préserver cette culture qui nous a amenés au sommet. Ces acquisitions permettent aussi de lancer de nouveaux produits et ça, c’est ce qui est le plus stimulant. Chaque fois, c’est le même enthousiasme autour du lancement d’un nouveau produit, le révéler à la force de vente, aux agents. C’est comme relancer ton entreprise. »
L’avenir de l’éclairage et la qualité de la lumière
François-Savier Souvay était présent dans l’assistance lorsque Shuji Nakamura, prix Nobel de physique 2014 pour l’ampoule DEL, était l’invité du Conseil des relations internationales de Montréal et que la controverse sur les effets que la lumière bleue pouvait avoir sur la santé venait de faire la manchette. Loin d’esquiver le sujet, le président de Lumenpulse parle de l’urgence de l’éducation dans l’éclairage. « Je pense qu’il y a beaucoup d’éducation à faire et qu’il est important de faire une distinction entre éclairer une zone et avoir les yeux rivés sur une source lumineuse (comme dans le cas d’une tablette numérique ou d’un téléphone intelligent). Pourquoi utiliser une pleine intensité lumineuse dans une rue qui n’est pas fréquentée? La technologie DEL va forcer les gens à mettre de la lumière là où elle est nécessaire. Il faut tirer avantage de la petitesse du dispositif pour éviter la pollution visuelle, l’éclairage inutile. L’avenir de l’éclairage passe par les systèmes intelligents. La technologie est née avec les fabricants électroniques. Il faut se distancer de la mesure des lumens par watt, c’est une mesure de source lumineuse et non pas d’appareil d’éclairage. Nous devons utiliser une autre mesure pour les DEL, les candelas, pour connaître l’intensité lumineuse qui sera dirigée vers un point donné. Heureusement, les recherches en optique et photométrie se développent et c’est, avec les contrôles des systèmes d’éclairage, ce qui définira l’avenir de l’éclairage. »
Il continue en disant que l’accès à l’éducation est fondamental non seulement pour les systèmes actuels, mais aussi pour l’avenir de l’éclairage DEL. « Il faut miser sur la qualité de l’éclairage. Celui-ci représente environ 2 % du coût d’un bâtiment et un tiers de la consommation énergétique. Vu ainsi, l’impact de l’éclairage est percutant sur la mise en valeur d’un bâtiment, sur la productivité au travail, la sécurité. Je crois que nous ne passons pas assez de temps à réfléchir à la qualité de la lumière. »
Des idées, des projets, beaucoup de recherche et développement. L’avenir est important et l’entreprise offre de nombreuses bourses d’études en éclairage pour y contribuer. Mais où François-Xavier Souvay puise-t-il son inspiration et son énergie? « Ma famille, ma femme, mes enfants. Je n’aurais jamais pu bâtir une entreprise si je n’avais pas eu de famille. Bâtir une entreprise c’est souvent un parcours de combattant. Tu es toujours en interaction avec des gens qui ont un intérêt face à ton entreprise, la famille c’est ta base fondamentale, c’est ton ancrage. »
(1) Voir notamment l’impressionnant gratte-ciel Shard à Londres, le stade BC Place à Vancouver, le Soldier Field Stadium à Chicago, le siège social de General Motors à Détroit, le centre de ski d’Åre en Suède, le Musée d’art contemporain de Montréal qui tous ont des appareils d’éclairage de Lumenpulse.
Line Goyette est directrice de rédaction pour le Groupe électrique aux Publications Kerrwil