Pour une politique qualitative de l’éclairage urbain dans le plan d’urbanisme
9 janvier 2017
Gilles Arpin
Depuis quelques années nous nous attachons à faire de nos villes des lieux de vies agréables et conviviaux. Nous le faisons en procédant à la requalification des espaces publics qui nous procurent un cadre de vie urbain plus humain, plus sécuritaire et plus confortable.
Pour nous du Québec cela correspond avec la réorganisation de nos villes centres bien que mes propos puissent s’adapter à tous les types d’agglomération, villages ou villes. Celles-ci sont dotées de responsabilités de plus en plus plus grandes particulièrement en matière d’urbanisme. Comme je l’ai mentionné dans mon dernier article notre intention est de vous sensibiliser à la discipline de concepteur lumière. Aujourd’hui je propose une contribution pour une politique qualitative de l’éclairage urbain.
Entre l’importance de renvoyer une image valorisante de la ville pour les citoyens ou pour attirer congressistes et touristes dans nos lieux les plus chers et la protection de la voûte céleste en passant par la sécurité des villes une réflexion s’impose sur la lumière urbaine.
La lumière doit participer à l’aménagement de la ville. Il ne s’agit pas seulement d’éclairer pour éclairer mais bien de résoudre des problèmes d’éclairage fonctionnel et sécuritaire, de préserver le ciel de la pollution indue, d’orienter le flux des passants à l’écart des zones résidentielles, de valoriser des monuments et des sites. Toutes ces interventions doivent impérativement se soucier du confort visuel des usagers d’où l’intérêt d’en confier la réalisation à des professionnels de la lumière.
En tant que concepteur lumière nous contribuons à la domestication de l’espace public nocturne. On se l’approprie pour en livrer une certaine interprétation à partir d’expérience et d’observation de la vie nocturne. La valeur de ce travail est à la mesure de la manière dont la population s’approprie en retour l’espace public.
Ainsi pour mettre en place une politique qualitative de la lumière urbaine faudrait-il passer par un certain nombre de phases que je décrirais comme suit : l’analyse, le diagnostic, la synthèse, les projets.
L’analyse tiendra compte de la morphologie et des caractères des sites, de l’importance relative des lieux, des continuités, des ruptures et de la cohérence de l’environnement. On analysera ensuite les utilités et les comportements des usagers en regard de trois principes :
- la lisibilité du site par l’usager;
- la fonctionnalité du site et la sécurité;
- le potentiel d’ambiance.
Le diagnostic portera sur l’inventaire du mobilier et des pratiques d’éclairage existantes. Les données relatives aux usages et aux problématiques urbaines spécifiques y seront aussi répertoriées.
La synthèse mettra en relief les aspects négatifs tels que les dysfonctionnements, les ruptures…et les aspects positifs tels que le potentiel d’ambiance et les éléments de compositions d’une image nocturne. Ce sera l’occasion de définir un certain nombre de critères de design.
La phase projet sera consacrée à l’élaboration d’un plan d’action pour la mise en œuvre de la politique. On définira les équipes de professionnels concernées pour différentes échelles de projets, et on constituera un cadre de référence (appel de proposition, concours, clé en main …) pour la réalisation des différents projets.
Je vous donne rendez-vous au prochain pour l’examen de notions qui m’apparaissent centrales pour l’implantation d’une politique qualitative de l’éclairage urbain.