Pour une politique qualitative de l’éclairage urbain dans le plan d’urbanisme
10 février 2017
Gilles Arpin
L’analyse du contexte est la première étape en vue de l’établissement du programme d’intervention lumière sur un site. Le contexte c’est bien sûr d’abord l’environnement physique du site, sa morphologie : la situation du site sur un promontoire ou dans un vallon, son alignement avec la rue ou en retrait, sa proximité d’un plan d’eau ou d’un grand parc…. L’approche devra s’adapter à la forme urbaine selon qu’il s’agisse d’un quartier patrimonial, d’un centre-ville, d’un quartier périphérique achalandé ou résidentiel, d’une banlieue ou encore d’une galerie marchande, d’un pôle de divertissement ou d’un campus scolaire, hospitalier, sportif ou administratif.
Dans le cadre d’un plan lumière il est nécessaire d’élargir notre vision du strict mandat de l’intervention. La relation avec les quartiers périphériques, les portes ou parcours d’entrée du site, la perception hiérarchisée des voies de circulation et des éléments de compositions (bâtiments, ensembles architecturaux ou de paysage…), les perspectives ou vues privilégiées vers l’intérieur du site ou depuis le site doivent être répertoriés.
Le contexte c’est aussi la valeur sociale ou symbolique du site et impérativement la valeur de la forme urbaine ou architecturale trop souvent oubliée ou spoliée au seul profit du «branding» lumineux. L’absence de réflexion d’ensemble à ce sujet mène souvent à la surenchère d’éclairement en puissance ou à une pizza de couleurs sans fondements qui dénature la forme urbaine ou l’architecture. La lumière peut certainement être festive mais comme elle n’est perceptible que lorsqu’elle est réfléchie par un support, l’objet et sa matérialité qui nous permet de l’apprécier mérite d’être perçu pour ce qu’il est …à moins bien sûr de vouloir le faire oublier parce qu’il est trop moche; mais là encore faut-il y trouver une pertinence.
Le contexte lumineux existant ou planifié doit être pris en compte. Je pense ici particulièrement aux voies de circulation dont les abords peuvent être sombres ou lumineux. Une rue commerciale parcourue de vitrines qui accompagnent la déambulation pourra contribuer au sentiment de sécurité et l’absence soudaine de cet apport lumineux constituer un contraste inconfortable auquel il faudra palier. Je pense aussi à des ensembles architecturaux dont certains bâtiments sont déjà dotés d’illuminations qu’il faudra intégrer dans la hiérarchie des perceptions.
Enfin le contexte doit inclure l’analyse des usages. Les études de circulations véhiculaires et piétonnes sont d’une grande utilité pour déterminer la hiérarchie des voies de circulation, des intersections et la sécurisation des piétons. Les voies urbaines sont la trame de la ville, ils canalisent les migrations traversant les quartiers et disséminent les parcours de la vie locale. La lumière doit contribuer à distinguer la nature de ces voies.