Histoire de la normalisation au Canada
24 février 2017
La normalisation telle qu’on la connaît aujourd’hui, qui passe souvent par l’obtention d’un consensus pour le bien commun, est née, en partie, du besoin d’avoir des équipements compatibles en temps de guerre. Dans les tranchées européennes de la Première Guerre mondiale, les Alliés mettent en commun leurs ressources techniques, par exemple leur équipement de communication et leurs munitions. Or leur matériel est souvent incompatible, ce qui entraîne des coûts, des blessures et des décès qui pourraient autrement être évités.
En 1917, la Grande-Bretagne demande au Canada de créer son premier comité de normalisation afin de se pencher sur ce problème et de trouver une solution sur mesure tenant compte de l’immensité, de la diversité et des conditions météorologiques extrêmes de la jeune nation. On forme donc le Canadian Engineering Standards Committee, qui sera dirigé par sir John Kennedy et composé de bénévoles. Ceux-ci s’engagent à « mettre de l’ordre dans le travail industriel » en élaborant des normes consensuelles; ils coordonnent leurs activités avec celles de leurs homologues de la Grande-Bretagne, des États-Unis et des autres pays alliés. En 1919, le groupe reçoit du gouvernement fédéral le mandat de créer la Canadian Engineering Standards Association (CESA).
Publication des premières normes canadiennes
La CESA se met immédiatement au travail et publie sa première norme en 1920, laquelle porte sur les ponts ferroviaires en acier. Cette technologie est en effet en train de remplacer les structures en bois au Canada, mais quelques échecs retentissants mettent en évidence le besoin crucial de normalisation. Prenons par exemple le pont de Québec, qui relie encore les villes de Québec et de Lévis : conçu pour permettre au Chemin de fer National Transcontinental d’enjamber le fleuve Saint-Laurent, l’ouvrage est à l’époque le plus long pont cantilever en acier au monde. Il s’effondre en août 1907, pendant sa construction, puis à nouveau en septembre 1916, entraînant au total 88 personnes dans une mort tragique.
L’innovation entraîne l’élaboration de normes qui améliorent la santé publique au Canada grâce à la pasteurisation du lait, au traitement des eaux d’égout et à l’épuration des eaux. De plus, en 1927, alors que l’électricité vient d’arriver au pays, la CESA publie un recueil de normes encore utilisé de nos jours : le Code canadien de l’électricité(link is external).
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, à mesure que de nouvelles technologies voient le jour, les normes et systèmes de management de la qualité concernant la production de pièces mécaniques, d’équipement de communication, d’armement et de moteurs deviennent de plus en plus importants et rendent l’élaboration de normes internationales encore plus nécessaire. En 1944, la CESA change de nom et devient l’Association canadienne de normalisation(link is external).
Leadership au Canada : création du Conseil canadien des normes
En 1964, le gouvernement fédéral mène un examen exhaustif du secteur de la normalisation au Canada et décèle plusieurs points à améliorer : coordination et planification à long terme, soutien de l’industrie et du gouvernement, et participation du Canada aux activités internationales de normalisation. Cet exercice mène à l’adoption en 1970 de la Loi sur le Conseil canadien des normes et à la création par le gouvernement fédéral du Conseil canadien des normes (CCN), qui aura pour mandat de fournir une orientation stratégique et un leadership en matière de normalisation au Canada.
Une des toutes premières normes publiées au Canada, Éléments de support tubulaires et garnitures pour les mâts de branchement résidentiels et commerciaux, est mise à jour en 2013 et est toujours utilisée aujourd’hui. En 1972, le CCN aide le Canada à obtenir une place dans le conseil d’administration de l’Organisation internationale de normalisation(link is external) (ISO) pour la première fois et, peu de temps après, accorde des accréditations à cinq organismes de normalisation et publie son premier livret d’information.
Une voix forte pour bien représenter les intérêts du Canada à l’international
Aujourd’hui, le CCN représente les intérêts du Canada au sein de deux organismes qui élaborent des normes internationales d’application volontaire : l’ISO et la Commission électrotechnique internationale(link is external). En étant membre de ces organismes et d’autres entités régionales, le CCN aide le Canada à rester en contact avec la communauté internationale d’élaboration de normes; en effet, le pays siège simultanément à des centaines de comités techniques. Le CCN encourage activement les Canadiens à participer à la normalisation afin de faire en sorte que le Canada fasse entendre sa voix dans les comités qui partagent ses intérêts.
Source : Conseil canadien des normes