Les robots nous remplaceront-ils ?
16 juillet 2018
L’an dernier, une large couverture médiatique a mis en lumière l’émergence des robots, des technologies de l’intelligence artificielle (IA) et des menaces que cela comporte pour un nombre important de métiers au Canada. Doit-on dès alors sonner l’alarme ? En fait, non, pas tout de suite.
Par contre, devriez-vous individuellement porter une attention immédiate au rôle de la technologie dans votre emploi ou dans votre entreprise ? Alors là, tout à fait.
Alors que l’automation et l’intelligence artificielle n’élimineront relativement que peu d’emplois dans la prochaine décennie, elles affecteront à des degrés divers pratiquement toutes les activités; tout dépendant du type et de la variabilité des tâches impliquées. L’automation, qui s’étend maintenant hors des simples routines manufacturières, a le potentiel, du moins en ce qui concerne ses capacités strictement techniques, de transformer bien des secteurs de travail, incluant l’électricité.
Selon l’agence Internationale de l’Énergie, l’usage croissant des technologies des communications et de l’information ( la digitalisation ) s’immisce toujours plus dans presque toutes les facettes de la vie moderne : depuis notre manière de travailler ou de voyager jusqu’à nos habitudes de vie et de divertissement. Dans mon dernier article, je décrivais la transformation de notre secteur énergétique ainsi que l’incidence que les technologies vertes, l’énergie décentralisée, la cybersécurité, le réseau électrique intelligent et l’intégration des véhicules électriques auront sur le réseau de distribution. Ces changements modifieront aussi les habiletés requises des employés de tout ce secteur.
Les opinions varient en ce qui a trait à la vitesse avec laquelle ces changements se produiront et affecteront les emplois. Soulevez ce point à l’occasion d’une conférence ou d’un souper en famille et vous risquez de découvrir des positions bien tranchées.
En novembre dernier, la firme de courtage Horizons ETF Management Canada lançait à la Bourse de Toronto le premier fonds négocié en bourse au monde entièrement géré par l’intelligence artificielle. À votre supermarché, vous verrez de plus en plus de guichets libre service automatisés. Des véhicules sans conducteur sont en cours d’essai sur les routes du Canada et beaucoup d’institutions financières ont automatisé leur comptabilité à un point tel qu’elles ne dédient plus de personnel pour le service des comptables payables et recevables.
Sunil Johal, directeur des politiques au groupe de réflexion du Centre Mowat de l’Université de Toronto, expliquait dans une entrevue au Globe and Mail que des millions de travailleurs canadiens, souvent avec une forte spécialisation, pourraient perdre leurs emplois dans la prochaine décennie en raison de ces rapides progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle qui permettront d’effectuer des tâches de plus en plus sophistiquées.
Et il n’est pas le seul à partager ce point de vue.
Or, selon une autre version de la même histoire, l’institut C.D. Howe rapportait ceci en 2017 dans son étude “Le choc du futur? Les répercussions de l’automatisation sur le marché du travail au Canada” :
- Il est très peu probable que les emplois dans des professions vulnérables à l’automatisation (35 % des emplois au Canada) soient complètement remplacés par des machines intelligentes au cours des prochaines années.
- Les emplois canadiens sont concentrés dans des secteurs d’activités où le risque d’automatisation est peu élevé. Les secteurs d’activités où moins du quart des emplois sont vulnérables à l’automatisation représentent 27,5 % du nombre total d’emplois (4,9 millions d’emplois). Les secteurs d’activités où plus des trois quarts des emplois présentent un risque élevé d’automatisation représentent que 1,7 % des emplois (310 000 emplois). Cela signifie que l’économie et la main-d’œuvre du Canada sont en bonne position pour s’adapter aux changements technologiques rapides.
- Les professions axées sur la prise de décisions abstraites et complexes, orientées sur la créativité, la réflexion critique et l’entregent, présentent un risque relativement faible d’automatisation. Une augmentation de la demande pour ces compétences est probable à court et à moyen terme.
Ce débat se poursuivra pour un temps encore. Toutefois, ignorer le progrès et résister à cette révolution technologique qui nous submerge, ne représente pas une option viable. Nous devons comprendre quels emplois seront affectés afin de prévoir un support approprié pour ces travailleurs, mettre à jour les programmes des universités et collèges et ainsi mitiger les pénuries de main d’œuvre et le chômage qui sont à prévoir. Nous avons chacun notre rôle à jouer dans cette adaptation à un nouvel environnement, que nous soyons décideurs au gouvernement, éducateurs, employeurs ou employés.
Sinon…ah tiens, voici un robot que j’aimerais bien vous présenter.