Les 10 changements les plus importants au code de normes NFPA 70E de 2018, Partie 2
Par James R. White
1er août 2018
Depuis la récente publication de l’édition 2018 du code de normes NFPA 70E, de nombreux utilisateurs trouvent difficile d’interpréter ce qu’il entend et de savoir sur quoi focaliser leur attention. En bref, la totalité du NFPA 70E est importante, pas seulement un chapitre, un article ou une section. Le présent article met toutefois en évidence les 10 changements que l’auteur juge fondamentaux. Voici la deuxième partie, qui porte sur les changements 6 à 10.
Changement no 6. Première approbation de l’absence d’un instrument d’essai de tension-monté en permanence.
La section 120.5 comporte une nouvelle exception, qui stipule : « Exception no 1 : Un dispositif d’essai correctement évalué et monté en permanence pourra être utilisé pour vérifier l’absence de tension des conducteurs ou des pièces circuit sur les lieux de travail, à condition qu’il réponde à toutes les exigences suivantes :
- Il est monté de façon permanente et installé conformément aux instructions du fabricant afin de tester les conducteurs et les pièces de circuit sur les lieux de travail.
- Il est inscrit et marqué à des fins de vérification de l’absence de tension.
- Il teste chaque conducteur de phase ou pièces de circuit de phase à phase et également de phase à la terre.
- Le bon fonctionnement du dispositif d’essai sur toute source de tension est vérifié avant et après la vérification de l’absence de tension.”
Pourquoi le changement?
Il s’agit d’un tournant décisif pour le NFPA 70E. Par le passé, le comité avait été approché par des fabricants de voyants DEL désireux d’obtenir leur homologation comme testeur d’absence de tension. Nous avons souligné la lettre d’interprétation de l’OSHA du 12 décembre 2012, qui déclare notamment :
« Question 1 : Le type de dispositif décrit ci-dessus peut-il être utilisé pour vérifier que l’isolation et la mise hors tension de la machine ou de l’appareillage ont été effectuées en vertu de la norme 29 CFR 1910.147(d)(6)?
Réponse: Non. Toutefois, le type de dispositif que vous décrivez, s’il est installé correctement et entretenu, pourrait servir seulement comme un indicateur redondant que le dispositif de sectionnement est en position ouvert (“arrêt”). »
Au cours du cycle de révision de 2018, une société a présenté un produit conforme à une nouvelle norme UL et répondait aux exigences d’un véritable testeur d’absence de tension (voir la Figure 4). Après avoir longuement interrogé le représentant de l’entreprise et celui des Underwriters Laboratories (UL), le comité a déterminé que le dispositif présenté était acceptable. La nouvelle exception notée précédemment a alors été intégrée à la section 120.5.
Facteur décisif
Un voyant DEL n’est pas un appareil de test de l’absence de tension. Au moment de la rédaction de cet article, un seul testeur du genre est actuellement fabriqué. Les voyants lumineux à DEL peuvent donner une première indication, mais une personne qualifiée doit quand même réaliser un essai manuel d’absence de tension au moyen d’un instrument portatif et tester de phase à phase et de phase à la terre.
Figure 4: Testeur d’absence de tension monté en permanence
7. Toutes les références obligatoires à d’autres normes sont supprimées
Des normes qui étaient auparavant obligatoires sont désormais présentées dans des notes informatives. Par exemple, une référence obligée dans l’édition 2015 du NFPA 70E — 130.7(F) — a été renommée 130.7(G) et se lit maintenant comme suit : « D’autres équipements de protection exigés dans la règle 130.7(D) devront dorénavant se conformer aux réglementations et aux normes fédérales ou locales.
Note d’information : Les normes énumérées dans le tableau 130.7(G), qui fait partie de cette note-ci sont des exemples de normes renfermant des renseignements sur d’autres équipements de protection. »
Ce changement a suscité de nombreuses discussions parmi les membres du comité, particulièrement ceux provenant des organismes de normalisation. Dans les éditions antérieures, le NFPA 70E stipulait que les vêtements anti-arcs et les ÉPI doivent satisfaire aux normes de l’ASTM relatives à ces articles et équipements protecteurs. Cela a été fait dans le but d’empêcher que les travailleurs utilisent des ÉPI non sécuritaires, surtout des vêtements anti-arcs et des ÉPI.
Pourquoi le changement?
La NFPA souhaitait supprimer les références obligatoires à d’autres normes parce le code de normes NFPA 70E est utilisé non seulement aux États-Unis mais aussi dans de nombreux pays. Exiger d’un autre pays qu’il utilise une norme américaine alors, qu’en vertu de la loi, il doit en utiliser une autre, pouvait occasionner des conflits C’est pourquoi les références obligatoires à d’autres normes ont été retirées.
Facteur décisif
Dans la majorité des cas, l’OSHA impose que les ÉPI répondent aux normes de l’ASTM et à d’autres. Ceci n’est donc pas aussi grave que certains le prétendaient. L’auteur de cet article aurait conservé les références obligatoires, mais reconnaît que cela limite l’emploi du NFPA 70E dans ceux des autres pays qui ne font pas usage des normes américaines.
8. Ajout d’un exigence en matière touchant une évaluation de conformité pour les ÉPI
La section 130.7(C)(14)(b) requiert que les ÉPI se conforment à une évaluation de conformité. Cette exigence est fondée sur la norme ANSI/ISEA 125, American National Standard for Conformity Assessment of Safety and Personal Protective Equipment. L’annexe informative H.4 présente des renseignements détaillés sur les obligations touchant l’évaluation de conformité.
Pourquoi le changement?
Les références obligatoires à d’autres normes ayant été éliminées du NFPA 70E, le comité a cru qu’un autre mécanisme serait nécessaire pour garantir la fourniture aux travailleurs de vêtement anti-arcs et autres types d’ÉPI adéquatement cotés. La figure 5 ci-dessous met en évidence l’importance d’évaluations de conformité basées sur les exigences en la matière de l’ANSI/ISEA 125, même lorsqu’il y avait obligation de respecter les normes de l’ASTM. Le vêtement dont il est question dans la figure 5 a été acheté parce qu’il portait une étiquette indiquant sa valeur de résistance thermique à l’arc (ATPV) et sa cote de protection HRC 2.
Figure 5: Le vêtement est mal étiqueté. Il n’est pas anti-arc.
L’étiquette intérieure affirmait que le vêtement respecte le code NFPA 2112 en matière d’embrasement éclair, mais ne mentionne aucunement la norme ASTM F1506. Dans les raffineries et autres industries semblables, les travailleurs sont souvent obligés de porter des vêtements de protection ignifugés répondant aux normes du NFPA 2112. De leur côté, les travailleurs de l’électricité risquent d’être exposés à des éclairs d’arc électrique. La différence? Les embrasements éclairs sont à combustion lente et la chaleur est beaucoup moins élevée. Quant aux éclairs d’arc, ils produisent des chaleurs extrêmes pendant une très courte période. Les électriciens doivent donc porter des vêtements anti-arc de cote F1506.
Facteur décisif
Une évaluation de conformité aurait décelé le problème exposé ci-dessus. Le vêtement portant les étiquettes ci-haut est coté ignifugé, et non pas anti-arc. Il est donc inadéquat pour les travailleurs exposés aux arcs électriques. Un vêtement peut être classé à la fois pour les embrasements éclairs et les éclairs d’arc, mais cet exemple ne stipule pas qu’il satisfait les exigences des vêtements anti-arc.
9. Note de pied de page modifiée pour le tableau 130.7(C)(7)
Le pied de page a été modifié pour indiquer clairement que les nouveaux gants isolés en caoutchouc mis en service doivent obligatoirement avoir été testés au cours des 12 derniers mois.
Figure 6: Note de bas de page de tableau modifiée dans l’édition 2018.
Pourquoi le changement?
La note de bas de page du tableau de l’édition précédente n’est pas claire. Même les représentants de l’OSHA et de l’ASTM ne partageaient pas la même opinion. Toutefois, le comité du NFPA 70E ainsi que les représentant de l’OSHA et de l’ASTM ont convenu que les gants isolés en caoutchouc ne devraient pas être inutilisés plus de 12 mois avant d’être testés de nouveau. D’après le représentant de l’OSHA, les gants sont considérés être mis en service au moment de leur achat et non quand ils sont distribués. Il a également fait remarquer que ces gants isolés en caoutchouc sont testés lors de leur fabrication, mais pourraient rester inutilisés jusqu’à deux ans avant d’être enfin achetés. Voilà pourquoi le comité a décidé de modifier la note de bas de page afin de la rendre plus compréhensible (voir la figure 6).
Facteur décisif
Les gants devraient avoir déjà été testés au moment de leur achat et devraient ensuite être retestés tous les six mois. S’ils ne sont pas en service, ils peuvent demeurer inutilisés jusqu’à 12 mois, à la suite de quoi il faudrait les tester de nouveau. Cela fait, ils devraient être retestés tous les six mois.
10. Nouvelle procédure pour l’évaluation de risque d’erreur humaine
La Section 110.1(H)(2) traite d’une nouvelle exigence portant sur la procédure d’évaluation du risque « d’erreur humaine ». Elle stipule que :
“(2) Erreur humaine. La procédure d’évaluation du risque risk devra traiter du potentiel d’erreur humaine et de ses conséquences négatives sur les gens, les procédés, l’environnement de travail et l’équipement. Note informative : « Le potentiel d’erreur humaine varie selon des facteurs tels que les tâches et l’environnement de travail. Voir l’annexe informative Q. »
La nouvelle Annexe informative Q présente d’excellents conseils sur le rendement humain et sa relation avec la sécurité en milieu de travail. Elle comprend les modes de performance humaine et leurs erreurs associées, des outils capables d’améliorer le rendement humain, ainsi que des signes d’alerte sur ce rendement.
Pourquoi le changement?
Les experts estiment que le pourcentage d’incidents provoqués par une forme ou une autre de défaillance humaine tourne autour de 75 % à 85 %. Ce pourcentage élevé justifie de penser que des efforts devraient être faits pour tenter de réduire le nombre d’erreurs humaines,
Facteur décisif
Si aucun effort n’est fait pour tenir compte des erreurs humaines, il y a beaucoup de chances que leur nombre augmente. L’auteur doute que quiconque puisse répertorier toutes les erreurs humaines possibles, quelle que soit la tâche. Mais là n’est pas l’intention de cette nouvelle exigence ni de l’annexe informative Q. Le but de l’exigence est de déterminer quelles erreurs peuvent être commises, puis d’appliquer des outils de rendement humain pour essayer de les prendre en considération.
Conclusion
Cet article ne traite que de quelques-unes des modifications apportées à l’édition 2018 du NFPA 70E. De nombreux changements récurrents ou globaux ne sont pas couverts ici. Le comité du NFPA 70E révise les actions qu’il a prises par le passé, puis tente d’améliorer le texte afin de rendre le code de normes 70E aussi clair et utilisable que possible pour le technicien de terrain. C’est en effet à l’utilisateur d’interpréter le code et de l’appliquer dans le milieu de travail. L’auteur recommande à chaque utilisateur de consulter la page du NFPA 70E et de revoir les actions et les déclarations du comité pour chacune, ce qui lui donnera un bien meilleur aperçu des motifs pour lesquels le comité a adopté une action précise et dans quelle intention.
James R. White est le vice-président du Service de formation de Shermco Industries pour Fluke Corp.
Source de l’image : Graphic Products