Présentéisme – quels sont les coûts pour votre organisation?
Michelle Branigan
Vous est-il déjà arrivé de vous présenter au travail alors que vous étiez malade? Avez-vous craint de perdre votre emploi si vous deviez vous absenter du travail pour une raison familiale ou un problème personnel? Avez-vous déjà travaillé pour une entreprise où être surchargé de travail était la norme?
Les faits
La question plus communément connue de l’absentéisme est la perte de productivité lors que les employés sont absents du travail. Le présentéisme, c’est le fait, pour un employé, de travailler alors que sa santé physique ou mentale ne le lui permet pas à cause de maladie, de fatigue ou de dépression ou bien de travailler pendant des heures excessives dans le but d’être apprécié de l’employeur.
Dans toutes les industries, les employeurs doivent comprendre l’impact important que les présentéisme peut avoir sur leur main-d’œuvre et leur rentabilité. L’American Productivity Audit (une enquête téléphonique d’un an auprès de 29 000 répondants) a calculé le coût du présentéisme aux États-Unis à plus de 150 $ milliards par année.
Le présentéisme réduit les niveaux de productivité d’un travailleur d’un tiers ou plus. Le fait d’avoir des employés malades ou distraits au travail peut entraîner des erreurs ou des problèmes de sécurité et peut influer sur la sécurité et le rendement des autres employés.
Le coût de la peur
Bien qu’il soit facile d’associer présentéisme à être un bourreau de travail, des études récentes révèlent que cette question est souvent le résultat de la peur – la peur de la critique, de la perte de salaire ou d’un manque de sécurité d’emploi. Finalement, les employés exténués, deviennent trop malades pour travailler, souffrent de stress émotionnel et mental, ou se trouvent non engagés et ne sont plus dédiés à leur travail ou à leur employeur.
Il est important que les organismes reconnaissent les coûts indirects du présentéisme, y compris:
• la réduction de la productivité des employés
• les coûts d’embauche des remplaçants
• Réduction du moral du personnel
• Réduction de l’engagement des employés
• incidence sur la qualité du service
Le coût associé à ne rien faire coûte beaucoup plus cher que de fournir aux employés les bons outils et le soutien nécessaires pour lutter contre le présentéisme en milieu de travail. Des études du Journal of the American Medical Association ont révélé que la productivité perdue au travail en raison de la dépression ou de la douleur des travailleurs présents au travail était environ trois fois plus grande que la productivité perdue lorsque les travailleurs étaient absents en raison des mêmes raisons.
Le problème coûteux de présentéisme exige une solution plus stratégique. Les organismes devraient examiner les politiques, la culture et les taux de fréquentation actuels afin de mieux comprendre comment le bien-être général de leur main-d’œuvre influe sur l’engagement et les niveaux de productivité.
Réévaluer et mettre à jour les politiques périmées
Faire une analyse de rentabilité en faveur de politiques plus modernes peut fournir les preuves nécessaires au niveau exécutif à la nécessité d’une telle mise à jour. Les organisations devraient évaluer les politiques actuelles, les taux de fréquentation et les raisons des absences, en rassemblant des données précieuses qui donnent une image précise de ce qui motive leur main-d’œuvre.
En plus des influences organisationnelles, les influences sociétales et personnelles devraient également être prises en compte afin de développer des politiques adaptées à la main-d’œuvre actuelle. Les facteurs comme la santé mentale, la situation financière, les niveaux d’éducation, le sexe, l’âge et les situations familiales ne doivent pas être ignorés.
Ici à EHRC nous avons des horaires de travail flexibles, avec des heures de départ différentes pour les membres de l’équipe qui ont de longs trajets et des obligations familiales. Le travail est fait, mais les employés ne sont pas stressés à l’idée de passer trois heures ou plus dans le trafic tandis que leurs enfants attendent d’être transportés à la pratique du hockey. D’autres organisations mettent leurs congés de vacances et de maladie dans un seul pot, afin que les employés puissent choisir comment l’utiliser au mieux.
Être plus humain
La compréhension et la compassion sont des qualités nécessaires pour améliorer et prévenir le présentéisme sur le lieu de travail. Les demandeurs d’emploi sont de plus en plus axés sur la culture d’entreprise comme un facteur clé dans leur recherche d’employeurs potentiels. Les dirigeants et leurs organisations doivent devenir plus humains pour faire appel à la prochaine génération de candidats. Cela n’affecte pas seulement les employés, mais peut aussi renforcer l’image de marque d’une organisation.
Dans un article récent, Raising a Voice for Human-Centered Work Policies, John Pluhowski, vice-président principal et directeur des communications, affaires corporatives et publiques à la Banque TD, discute de sa vision personnelle des lieux de travail axés sur la personne et leur rôle de plus en plus important dans le succès des entreprises. Le modèle corporatif des entreprises ne changera pas tant que de plus en plus de professionnels choisissent de travailler pour les marques axées sur les objectifs et qui offrent des congés familiaux raisonnables et des politiques de travail flexibles.
Promouvoir le bien-être mental et physique et offrir des programmes de dépistage, d’éducation, de traitement et de soutien axés sur la santé globale et le bien-être peut améliorer et même prévenir le présentéisme. Offrir aux employés l’accès à ces types de programmes (axés sur le bien-être général) a également un impact plus important sur la productivité et le service à la clientèle que la promotion d’une culture d’entreprise où les employés sont déterminés à se présenter au travail malgré le coût pour leur santé mentale ou physique.
Sensibiliser et éduquer les employés sur le bien-être mental et physique non seulement fournit le soutien nécessaire aux employés qui sont déjà malades, surchargés de travail ou stressés, mais peut identifier les problèmes potentiels dès le début, ce qui permet aux individus de rechercher les bons traitements ou même de prévenir les problèmes futurs qui les empêchent de travailler à pleine capacité.
De nombreux services publics ont sensibilisé les dirigeants sur la santé mentale, pour aider à comprendre la prévalence, l’impact et les approches à utiliser. D’autres, comme Hydro Ottawa et OPG, travaillent annuellement avec l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) pendant leur « semaine de la santé mentale » et s’engagent activement avec leurs employés de façon continue à promouvoir la santé mentale des employés.
Les personnes d’abord
Le présentéisme n’est pas un problème technique qui peut être facilement analysé et résolu. En fait, l’impact du présentéisme sur votre organisation est souvent difficile à évaluer et peut être difficile à mesurer. C’est un problème qui implique de vraies personnes. Il faut que les employeurs adoptent des politiques et une culture d’entreprise centrée sur la personne.
Ces actions combinées ont la capacité d’envoyer un message puissant aux employés et à l’industrie, ainsi qu’au grand public que l’inclusion organisationnelle va au-delà de la rhétorique et qu’elle est axée sur une vision d’affaires qui valorise une culture d’entreprise centrée sur les individus.
Les temps changent et les organisations doivent s’adapter. L’électricité peut bien garder les lumières allumées pour les entreprises canadiennes, mais ce sont les gens de votre organisation qui en sont le cœur et l’âme. Sans eux, vous pourriez aussi bien éteindre les lumières.