Assurer des normes de supervision et de formation essentielles à la sécurité électrique
14 octobre 2018
Un ancien apprenti décrit des blessures horribles causées par le travail électrique. Mark Graham a rejoint l’armée à l’âge de 17 ans, mais après quelques années, il a décidé de poursuivre son rêve d’être électricien. Il était en apprentissage depuis 3 ans lorsque son pire cauchemar s’est réalisé.
« Je travaillais sur un conduit d’évacuation des eaux usées brutes, et j’étais sur une échelle en bois de 8 pieds », commence-t-il.
« Je finissais de percer des trous dans la dalle de béton pour installer des sangles permettant de maintenir le conduit en place. En descendant la perceuse éteinte, elle s’est placée en parallèle aux orifices de ventilation sur la barre sous gaine de 3000 ampères et 600 volts montée en suspension sur les trapèzes. »
« Le trépan a glissé dans l’une des fentes, et la chaleur à son extrémité a fait fondre la gaine d’isolation en caoutchouc qui enveloppait les barres omnibus en cuivre. Cela a créé un court-circuit au sol, provoquant une explosion. Cette dernière m’a jeté en bas de l’échelle. »
Graham était seul dans l’immeuble. Il a donc couru à l’extérieur pour demander de l’aide. « Je pouvais sentir et percevoir mes cheveux et ma peau brûler », se souvient-il.
Un camion des travaux publics d’Ottawa-Carleton passait par là et les occupants ont tenté d’étouffer les flammes avec des couvertures.
« À l’époque, tout ce que je pouvais voir était gris, mes yeux étaient gris », explique Graham.
Son casque de protection avait fondu sur sa tête et la douleur était insupportable.
Il s’est réveillé à l’hôpital six semaines plus tard, incapable de voir. « J’ai dit à mes parents que j’aurais aimé ne pas avoir survécu. »
Graham avait des brûlures au deuxième et au troisième degré sur 60% de son corps. Les médecins ont dû utiliser des parties de sa peau intacte afin de créer des greffes pour remplacer son autre peau.
Aujourd’hui, Graham parle de la tragédie survenue il y a longtemps afin que d’autres ne subissent pas le même sort.
« La communication avec les autres ainsi qu’une formation et une supervision appropriées sont essentielles », dit-il.
« Au Canada, plus de 450 travailleurs ont été tués et 63 000 ont été blessés au cours des dix dernières années. Ces blessures coûtent à la société canadienne près de 19,8 milliards de dollars chaque année en dépenses de soins de santé et productivité réduite, en hospitalisations, incapacités et décès prématurés. » (SPI Health and Safety, 7 juin 2017, provenant de Statistique Canada et de l’Association des commissions des accidents du travail du Canada (ACATC)).
Les experts de l’industrie s’inquiètent du fait que, malgré les progrès au niveau de la formation et de la sécurité qui ont eu lieu au fil des ans, les règles ont été assouplies, ce qui a mis en danger les nouveaux travailleurs, en particulier les jeunes.
Adam Goulet, 18 ans, sait qu’il a beaucoup de chance d’avoir échappé à un destin similaire. À 16 ans, il a été embauché par un entrepreneur de la région d’Ottawa pour travailler comme manœuvre, mais s’est retrouvé à faire du travail électrique sans formation ni supervision. L’employeur lui avait promis un apprentissage, mais cela n’est jamais arrivé.
Il ne parla pas de sa situation pendant un certain temps. Sa plus grande inquiétude était de se faire prendre par les inspecteurs.
Mais finalement, il réalisa à quel point il était dangereux de faire du travail électrique sans formation ni supervision. Il en a finalement parlé à son professeur, qui lui a conseillé de quitter cet emploi. Comme beaucoup de jeunes adolescents, il craignait de ne pas en trouver d’autre, mais il a fini par rencontrer une personne de la Fraternité internationale des ouvriers en électricité (FIOE) et il fut embauché comme apprenti.
« Je me sens maintenant en sécurité au travail, sachant que je suis supervisé et que je reçois la formation appropriée », a-t-il ajouté.
L’entrepreneur d’Ottawa, Roch Picknell, dit qu’il est très inquiétant que certains entrepreneurs permettent à des personnes non qualifiées de faire du travail électrique sans être inscrites comme apprentis et supervisées de manière appropriée.
Picknell appartient à l’Electrical Contractors Association of Ontario (ECAO) dont les membres travaillent avec des électriciens de la FIOE pour assurer un haut niveau de formation et porter une attention particulière à la sécurité.
« Lorsque vous engagez un entrepreneur de l’ECAO pour des services électriques, vous savez que vous allez avoir un travail fait correctement et en toute sécurité », a déclaré Picknell.
« L’ECAO est un ardent défenseur de la promotion de l’intégrité du métier, de la sécurité et du professionnalisme », a déclaré le directeur général Graeme Aitken.
« Permettre à des employés non qualifiés et non certifiés de faire le travail sans sécurité met tout le monde en danger », a-t-il ajouté.
James Barry, président exécutif de l’IBEW-Construction Council of Ontario, dit qu’il existe des règles pour les métiers à certificat obligatoire – comme électricien – en ce qui concerne le nombre de compagnons pour le nombre d’apprentis en poste afin d’assurer une surveillance et une sécurité adéquates.
« Malheureusement, les ratios ne sont pas appliqués et nous continuons à entendre des histoires de jeunes qui font des tâches qui pourraient leur causer des blessures graves ou la mort », dit-il.
Barry, ancien membre du Conseil des gouverneurs de l’Ordre des métiers de l’Ontario, craint que l’organisme ne remplisse pas son rôle d’élever le statut des métiers et de protéger le public et les jeunes travailleurs par le respect des ratios.
Barry s’inquiète également d’une éventuelle mesure du Ministère de la Formation et des Collèges et Universités qui vise à réduire la durée de l’apprentissage et changer le champ d’activité des électriciens pour répondre à la demande de ce métier spécialisé.
« En ce moment, la FIOE n’a aucune difficulté à trouver des apprentis, car nous nous assurons qu’ils reçoivent une formation adéquate, un salaire équitable et un environnement de travail sûr. Si les normes de formation et de sécurité diminuent, cela pourrait nuire, et non aider, à attirer les gens vers ce métier. »
Graham convient qu’il est important au moins de maintenir les normes de formation actuelles compte tenu de la complexité et des risques du travail.
« Je ne veux pas que d’autres personnes traversent ce que j’ai vécu. Vous ne voudriez pas que cela vous arrive », mentionne-t-il.