Étude : Explication du ralentissement de la croissance de la productivité dans le secteur canadien des entreprises après l’an 2000 : les questions de mesure importent-elles?
15 novembre 2018
La croissance de la productivité du travail et la croissance de la productivité multifactorielle (PMF) ont ralenti au Canada et au sein d’autres pays avancés après l’an 2000. Au Canada, la PMF, mesurée par la production par unité de facteurs travail et capital combinés, a baissé en moyenne de 0,18 % par année dans le secteur des entreprises de 2000 à 2015, comparativement à une hausse moyenne de 0,43 % par année de 1980 à 2000, une décélération de 0,61 point de pourcentage.
Des études antérieures ont suggéré que la tendance selon laquelle il y a une utilisation supérieure des immobilisations incorporelles dans l’économie numérique et d’autres facteurs de mesure peuvent expliquer le ralentissement de la croissance de la productivité.
Une nouvelle étude diffusée aujourd’hui met l’accent sur les enjeux associés à la mesure du capital, et examine les rôles possibles des immobilisations incorporelles, du capital naturel, du capital infrastructurel public et de l’utilisation de la capacité pour expliquer une croissance de la PMF ralentie au Canada après l’an 2000.
Selon cette étude, environ le quart de la baisse de la croissance de la productivité multifactorielle dans le secteur des entreprises au Canada, entre la période de 1980 à 2000 et la période de 2000 à 2015, a été attribuable à l’épuisement des ressources naturelles, ainsi qu’à une réduction de l’utilisation du capital dans le secteur de la fabrication. En outre, la baisse de la croissance de la productivité du travail et de la productivité multifactorielle après l’an 2000 n’est pas associée aux immobilisations incorporelles et au capital infrastructurel public.
Les effets du capital naturel et de l’utilisation de la capacité variable
La mesure actuelle de la PMF dans les secteurs de l’extraction minière et de l’extraction de pétrole et de gaz ne tient pas compte de l’épuisement des stocks de ressources naturelles. Elle n’est pas non plus corrigée pour tenir compte de l’effet du changement en ce qui concerne l’utilisation du capital, qui a une incidence sur la variation à court terme de la croissance de la PMF.
Pour tenir compte de l’épuisement des stocks de ressources naturelles dans la mesure de la PMF, il faut ajouter l’intrant capital naturel à la mesure des intrants. Lorsque le capital naturel est ajouté, la baisse de la croissance de la PMF entre la période de 1980 à 2000 et la période de 2000 à 2015 n’est pas aussi importante, parce qu’une partie de la baisse est attribuable à la quantité croissante d’intrants requis pour extraire des ressources naturelles lorsque la qualité du minerai diminue.
Le fait d’ajouter le capital naturel entraîne une hausse de la croissance de la PMF du secteur des entreprises de 0,04 % par année de 1980 à 2000, et de 0,13 % par année de 2000 à 2015.
En outre, l’utilisation du capital dans la fabrication a diminué au début des années 2000, période associée à un ralentissement de la croissance des exportations et de la production, du fait de l’appréciation du dollar canadien et du ralentissement de la croissance du plus important partenaire commercial du Canada, les États-Unis. Ainsi, une baisse de la PMF du secteur des entreprises après l’an 2000 pourrait être attribuable, en partie, à une diminution de l’utilisation du capital dans le secteur de la fabrication.
Une correction pour les changements touchant l’utilisation de l’intrant capital dans le secteur de la fabrication augmente, semble-t-il, la croissance de la PMF du secteur des entreprises de 0,02 % par année de 1980 à 2000, et de 0,09 % par année de 2000 à 2015.
Dans l’ensemble, une baisse de 0,16 point de pourcentage ou environ le quart de la baisse de 0,61 point de pourcentage de la croissance de la productivité multifactorielle dans le secteur des entreprises après l’an 2000 a été attribuable à l’épuisement des ressources naturelles, ainsi qu’à une réduction de l’utilisation du capital dans le secteur de la fabrication de 2000 à 2015.
Les effets du capital de savoir incorporel et du capital infrastructurel public
Les immobilisations incorporelles (propriété innovatrice, compétences économiques et information informatisée) sont une source importante de croissance de la production et de l’intrant capital. Cependant, en 2015, seulement 28 % des immobilisations incorporelles (l’extraction de minéraux, les logiciels et la recherche-développement) ont été classées parmi des investissements dans la mesure actuelle de la PMF. Il est difficile d’évaluer l’incidence d’une couverture améliorée des immobilisations incorporelles sur la PMF, puisqu’elle a des répercussions sur la production et le capital mesurés.
Selon l’étude, une hausse de la couverture des immobilisations incorporelles ajoute 0,13 point de pourcentage à la croissance mesurée de la PMF au cours de la période de 1980 à 2000, et soustrait 0,01 point de pourcentage à la période de 2000 à 2015, augmentant ainsi la baisse de la croissance mesurée de la PMF entre les deux périodes.
Le capital infrastructurel public contribue à la croissance de la productivité du secteur des entreprises, puisqu’il réduit les coûts de transport et de production. Cependant, le capital infrastructurel public n’est pas habituellement pris en considération lors du calcul de la croissance du secteur des entreprises.
La croissance du capital public s’est accélérée entre la période de 1980 à 2000 et la période de 2000 à 2015. Lorsqu’il a été ajouté au cadre comptable de la croissance, il y a eu une correction négative de 0,15 point de pourcentage à la croissance de la PMF, parce que la croissance de la production qui était attribuable à la PMF est maintenant attribuable au capital public.
L’ajustement positif de 0,16 point de pourcentage de la croissance de la PMF entre la période de 1980 à 2000 et la période de 2000 à 2015, attribuable à un ajustement du capital naturel et de l’utilisation de la capacité, a été plus que contrebalancé par une réduction de 0,29 point de pourcentage de la croissance de la PMF attribuable aux immobilisations incorporelles et au capital infrastructurel public entre ces deux périodes. Tous ces ajustements ont eu pour effet net d’entraîner une baisse encore plus importante de la croissance de la PMF entre les deux périodes. La croissance de la PMF, avec les ajustements, a baissé de 0,75 point de pourcentage entre la période de 1980 à 2000 et la période de 2000 à 2015, comparativement à une baisse de 0,61 point de pourcentage avant les ajustements.
Le document de recherche « Explication du ralentissement de la croissance de la productivité dans le secteur canadien des entreprises après l’an 2000 : les questions de mesures importent-elles? », qui fait partie de la Série de documents de recherche, Direction des études analytiques (Numéro au catalogue 11F0019M), est maintenant accessible.