Les panélistes ont tout d’abord été interpellés par la modératrice Alexandra Gellé, agente de mobilisation des connaissances chez Nergica et membre du CITEQ, sur l’élément majeur pour que ces technologies prennent leur place sur le marché. Les réponses étaient unanimes et ont nommé le positionnement du gouvernement québécois comme essentiel pour créer une chaîne de valeur et un modèle économique, et ainsi promouvoir le développement des industries des bioénergies et de l’hydrogène vert.
Vous comprendrez donc que les conclusions de la consultation entamée par le Ministère de l’énergie et des ressources naturelles en 2021, et qui a amené le dépôt de 30 mémoires par divers expert.e.s de ces filières, se font attendre avec impatience. Cette stratégie québécoise permettra de positionner la province et de fixer des cibles, ce qui devrait sécuriser le marché et ainsi engendrer les investissements nécessaires pour déployer ces technologies à grandes échelles.
Un futur prometteur
Parmi les messages clés de ce panel, nous retiendrons que ni la maturité de ces technologies ni leur coût actuel ne semblent être une limitation à l’intégration de l’hydrogène vert et des bioénergies d’ici 2030. En effet, les panélistes interrogés semblaient confiants que les coûts liés à ces technologies seront compétitifs pour enrichir le mix énergétique québécois; notamment en considérant la taxe carbone, comme l’expliquait Yanick Paquet, chercheur chez Nergica. La parité entre l’hydrogène vert et l’hydrogène gris pourrait être atteinte en 2030 d’après le Hydrogen Insights Report (2021), Hydrogen Council, McKinsey & Company.
Le directeur de l’Institut de recherche sur l’hydrogène et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières Bruno Pollet souligne qu’il serait intéressant d’investiguer les ressources en métaux présentes au Québec afin de déterminer les types d’électrolyseurs les plus prometteurs pour la province, en plus de considérer leur efficacité. À titre d’exemple, l’usine de l’entreprise Air Liquide située à Bécancour, avec son électrolyseur à membrane échangeuse de protons de 20 MW (le plus grand du monde actuellement) produit environ 3 000 tonnes d’hydrogène vert annuellement, et la stratégie relative à l’hydrogène publiée par Ressources naturelles Canada envisage un besoin de 20 mégatonnes en 2050.
La valorisation de la biomasse de source forestière, comme moyen de production d’hydrogène, ainsi que de méthane et de biocarburant, a été abordée par Papa Niokhor Diouf, directeur scientifique du Serex, centre de recherche spécialisé dans l’utilisation optimale de la ressource forestière dans les domaines des énergies renouvelables. Plusieurs procédés tels que la pyrolyse, la gazéification et la pyrogazéification mènent à la synthèse de biocarburants, et pourraient être complémentaires à la production par électrolyse pour l’hydrogène.
Karim Belmokhtar, Chargé de projet principal chez Nergica et chercheur principal du CITEQ, a mis de l’avant les besoins de partages de connaissances et de la formation de la relève, qui sont parmi les missions du CITEQ, afin d’assurer l’envolée des technologies vertes et ainsi contribuer à l’électrification de l’économie comme visé par le gouvernement québécois. Un point également abordé par Vincent Regnault qui a souligné l’importance de la recherche pour soutenir le développement de ces technologies.
Au delà de la recherche
Voici quelques pistes de réflexions partagées par nos panélistes pour assurer l’essor de ces technologies vertes, contribuer aux réductions de GES et avancer sur le chemin de la carboneutralité :
« Jamais négliger la question d’acceptabilité sociale dans tous les projets d’infrastructure quel qu’elle soit, vert ou pas, c’est toujours un enjeux. »
– Vincent Regnault, Directeur exécutif approvisionnement gazier et développement gaz renouvelables, Énergir
« Ne pas négliger l’impact que tout ces procédés là peuvent avoir sur l’environnement. Pour la simple et bonne raison qu’on se veut vert donc il faudrait s’assurer effectivement de faire le bon choix énergétique et environnemental aussi. »
– Papa Niokhor Diouf, Directeur scientifique, Serex
« Il faut mieux gérer la variabilité de la ressource éolienne et solaire avec l’hydrogène que l’on peut utiliser, notamment comme mode de stockage moyen-long terme. En produisant plus le printemps, l’été et l’automne par exemple avec le photovoltaïque, pour mieux gérer les pointes de consommation en hiver. »
– Yanick Paquet, Analyste Recherche et Innovation, Nergica
« De belles enveloppes bien fournies pour la R&D vont être nécessaires. Ce qui va permettre de déployer ces technologies ça va vraiment être des projets de démonstration. »
– Bruno Pollet, Professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières et directeur de l’Institut de recherche sur l’hydrogène
« Les technologies discutées aujourd’hui sont des alternatives intéressantes pour réduire la consommation de produits pétroliers, mais il ne faut pas oublier que cela va engendrer une augmentation des besoins en électricité verte! La production d’électricité d’origine solaire photovoltaïque et éolienne qui est de plus en plus compétitive, constitue un atout important pour faire avancer les filières de l’hydrogène vert et des bioénergies. »
– Karim Belmokhtar, Chargé de projet principal chez Nergica et chercheur principal du CITEQ
Le panel a mis en lumière qu’il est nécessaire de bien s’équiper pour déployer les filières de l’hydrogène vert et des bioénergies et qu’une mobilisation générale de l’industrie, du milieu de la recherche et des pouvoirs publics est cruciale. Les retombées positives potentielles sont considérables, mais les enjeux sont nombreux, nous devons donc y travailler ensemble. Les bioénergies et l’hydrogène vert pourraient alors contribuer à la réduction des gaz à effet de serre et ainsi faire avancer le Québec sur la route de la carboneutralité.
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