Les émissions du secteur pétrogazier et du secteur du bâtiment sapent les progrès climatiques du Canada, selon des estimations
29-octobre-2023
Une analyse indépendante estime que les émissions de gaz à effet de serre du Canada ont connu une hausse de deux pour cent en 2022 par rapport à l’année précédente
Les émissions du secteur pétrogazier et du secteur du bâtiment ont continué d’augmenter en 2022, sapant l’effort global de réduction des émissions du Canada, conclut une nouvelle analyse indépendante de 440 mégatonnes, un projet de l’Institut climatique du Canada.
Selon les estimations préliminaires des émissions nationales pour 2022, les émissions totales du Canada auraient augmenté de 2,1 % par rapport à l’année précédente, une augmentation de 14,2 mégatonnes d’équivalents dioxyde de carbone (Mt d’éq. CO₂). Malgré la légère augmentation observée en 2022, on observe tout de même une baisse de 6,4 % des émissions totales par rapport aux niveaux de 2005. La cible officielle du Canada est une réduction de 40 % à 45 % d’ici 2030.
Près des trois quarts (72 %) de la hausse de 2022 sont attribuables aux émissions du secteur de la production pétrogazière et du secteur du bâtiment, ce qui s’inscrit dans une tendance à long terme de hausse continue des émissions pour ces deux secteurs. Dans le secteur du bâtiment, la hausse est principalement due aux besoins accrus en chauffage découlant d’un hiver rigoureux. Les deux secteurs ont vu leurs émissions de carbone augmenter considérablement depuis 2005, contrairement à d’autres comme la production d’électricité, où les émissions ont baissé de 56 %.
Globalement, une économie en plein essor, et donc, plus énergivore, a provoqué une hausse des émissions en 2022, totalisant 37,1 Mt d’éq. CO₂ par rapport à l’année précédente. Les retombées des politiques climatiques et de certains facteurs de marché, notamment le déploiement de technologies propres, qui ont réussi à les réduire de 22,9 Mt, sont venues compenser cette augmentation, ce qui s’est traduit par une hausse nette globale de 14,2 Mt.
Cette hausse globale vient souligner la nécessité de mettre en place et de coordonner des politiques à l’échelle fédérale et provinciale. Cela passera entre autres par l’élaboration et l’application rapides de futurs plafonds d’émissions pour le secteur pétrolier et gazier, d’une réglementation sur le méthane, du Règlement sur l’électricité propre et de la Stratégie canadienne pour les bâtiments verts. Une évaluation indépendante de l’Institut publiée en 2022 a conclu que la mise en œuvre rapide et efficace du Plan de réduction des émissions pour 2030 du gouvernement fédéral, parallèlement à des initiatives provinciales et territoriales, pouvait faciliter l’atteinte des cibles canadiennes. Une version actualisée de l’analyse sera publiée plus tard cette année.
En rendant accessibles ces estimations préliminaires des émissions nationales huit mois avant la publication du Rapport d’inventaire national officiel du Canada, l’Institut climatique vise à éclairer plus rapidement les décisions fondées sur des données probantes concernant les progrès climatiques du Canada.
Les estimations des émissions de 2021 fournies par 440 mégatonnes concordaient avec les données officielles publiées ultérieurement par le gouvernement fédéral dans le cadre de son inventaire national.
CITATIONS
« Nos estimations préliminaires des émissions du Canada en 2021 montrent que les politiques climatiques et les technologies propres contribuent à réduire les émissions – mais que les progrès sont sapés par la hausse constante des émissions dans le secteur pétrogazier et le secteur du bâtiment. Des efforts rapides pour établir des plafonds d’émissions de pétrole et de gaz, réduire les fuites de méthane et développer le secteur de l’électricité propre nous permettront d’accélérer nos progrès tout en bâtissant un avenir plus prospère et compétitif pour le Canada. »
– Rick Smith, président, Institut climatique du Canada
« Ces estimations préliminaires ont été conçues pour améliorer la prise de décision en assurant le suivi le plus immédiat possible des progrès climatiques du Canada. Les estimations de 2022 montrent que certains secteurs sont particulièrement à surveiller. Puisque deux secteurs seulement – pétrogazier et du bâtiment – sont responsables de près des trois quarts de l’augmentation totale des émissions de l’an dernier, les interventions politiques ciblant ces secteurs devraient être prioritaires pour toutes les instances gouvernementales du Canada. »
– Dave Sawyer, économiste principal, Institut climatique du Canada
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