Croyance versus logique
24 juillet 2017
Je suis toujours étonné de voir comment deux personnes peuvent regarder la même chose et la voir de façon complètement différente. Ce peut-être la couleur d’un vêtement, où une personne aime la chemise bleue et l’autre ne peut tout simplement pas comprendre que quelqu’un puisse choisir de porter un tel vêtement. La politique, bien sûr, est en plein essor avec des gens qui soutiennent avec véhémence leur candidat de choix tout en étant également opposés à tous les autres. Les choix de films, les meilleurs sites de vacances, l’équipe de sport préférée et les propriétaires de ranch comparés aux propriétaires d’une maison à deux étages. Tous ces sujets génèrent invariablement plusieurs opinions différentes.
Je comprends pourquoi nous vivons avec des perspectives aussi variées, puisque nous exprimons allégrement toutes nos croyances. Même si j’ai une opinion en ce qui concerne mes véhicules préférés (« Ford et rien d’autre!!! »), je ne reproche pas à mes amis de croire à la supériorité de Chevrolet ou de Dodge. Si je vérifiais les statistiques relatives au coût de la vie et à la fiabilité de tous les camions similaires, je suis persuadé que les données suggèreraient qu’ils sont tous de bons moyens de transport. Donc, lorsque j’affiche mes préférences, j’émets un jugement non scientifique, non un fait. C’est vraiment amusant, car je peux partager mes points de vue, les défendre avec vivacité et ne jamais fournir de preuves tangibles. Alors, croyez-moi, les Canucks remporteront la Coupe Stanley cette année!
Ce que je ne comprends vraiment pas, c’est lorsqu’une personne prend position pour ou contre quelque chose et qui va directement à l’encontre de toute logique et des faits. Pour moi, c’est à la fois étrange et dangereux.
Au cours des dernières décennies, j’ai vécu et travaillé à plusieurs endroits en Colombie-Britannique. J’ai habité autant dans de petites villes que de grandes villes et j’ai eu le bonheur de vivre dans presque toutes les régions de la province, des fermes de la Peace River à l’aride Okanagan, en passant par le divertissant West Kootenays aux forêts tropicales de la côte ouest. Ce sont toutes des régions magnifiques où vivent des gens formidables. Mais en ce qui concerne le développement et l’extraction des ressources, les gens s’alignent souvent le long des limites régionales. Si les moyens de subsistance d’une personne dépendent des ressources économiques, il y a fort à parier que la plupart appuieront les mines et la production de gaz naturel. Pour plusieurs d’entre eux qui sont à l’abri de la réalité que présentent ces industries, soit parce qu’ils ne les voient pas tous les jours ou qu’ils occupent un poste non basé sur les ressources, il est plus facile et souvent plus populaire de prendre une affiche de protestation et de marcher contre le pétrole, le GNL, la foresterie ou les piscicultures. Et c’est là que la logique devient extrêmement importante.
Plus tôt dans ma carrière, j’ai eu la chance d’avoir un emploi dont le travail consistait à faire accepter au public les projets de postes électriques et de lignes de transport. Des réunions ouvertes au public aux rencontres autour de la table de cuisine d’un propriétaire foncier pour écouter leurs préoccupations, nous en sommes venus à travailler avec les communautés pour localiser les installations qui contribuent à alimenter les villes et les quartiers. J’ai également appris qu’il existe différentes approches lorsque les gens répondent à la perspective d’une nouvelle installation industrielle placée près de leur domicile. Certains écoutent, apprennent et acceptent. D’autres se demandent pourquoi celle-ci ne peut pas être localisée ailleurs et, généralement, il existe des raisons techniques et financières valables pour lesquelles le site sélectionné est la meilleure (ou la seule) option. Certaines personnes diront tout simplement non. À l’installation ou à l’emplacement, ou aux deux.
C’est au cours de cette période de ma vie que mon lexique s’est considérablement développé. Bien que le terme « NIMBY » (Not in My Back Yard (Pas dans ma cour)) ait été utilisé pendant un certain temps, j’ai appris la signification de LULU (Locally Unwanted Land Use (Utilisation locale des terres non désirée)), de BANANA (Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anyone (Ne rien construire nulle part à proximité de quelqu’un), de NOPE (Not on Planet Earth (Pas sur la planète Terre) et de TEDAO (Tear Down Everything at Once (Tout détruire en même temps)). Ce fut véritablement un choc pour moi. Bien sûr, je pouvais comprendre que quelqu’un ne veuille pas que la vue d’un paysage vierge ne soit gâchée suite au dégagement d’un arbre et de grandes structures de transport, mais de là à ne rien construire du tout? Nulle part? Tant que les gens utilisent l’électricité, il doit y avoir un moyen pour que celle-ci leur soit acheminée. J’étais confus pour tout dire. Pourquoi quelqu’un voudrait-il argumenter aussi fermement contre quelque chose qui devait logiquement se produire?
Ce n’est que quelques années plus tard, lorsque je vivais près de Vancouver et que je me trouvais à la baie Howe profitant d’une journée ensoleillée sur mon paddleboard, que j’ai eu une illumination. C’était à l’été 2015 et je passais à travers une flotte de bateaux à moteur, dont plusieurs arboraient des banderoles ondulantes avec un thème fort anti-GNL. Pas de développement, pas de camions-citernes, pas de pipeline, rien du tout. Je me suis dit : « Wow, ils croient vraiment à leur cause ». Mais attendez un peu. Ils se trouvaient à bord de bateaux alimentés par des combustibles fossiles et dénonçaient le développement d’une installation qui fournirait ces combustibles fossiles. Quoooi??? Attendez, cela semble un peu hypocrite. Et ça m’a ensuite frappé. Ils ne se considéraient pas comme des hypocrites du tout. Ils exprimaient simplement une croyance non fondée sur les faits ou la logique. Comme moi qui imagine mes biens aimés Canucks hissant la Coupe de Lord Stanley en juin prochain.
Maintenant, avant de me sauter dessus parce que je nie l’existence des changements climatiques, vous vous trompez royalement. Je suis parfaitement conscient que la planète se réchauffe selon les faits et les preuves présentés par une écrasante majorité de scientifiques du monde entier experts en la matière. Cependant, nous avons construit notre infrastructure et notre style de vie global en fonction de l’extraction et du traitement perpétuel de matériaux qui nous proviennent de la terre. Vous ne me croyez pas? D’accord, faisons un petit test. Peu importe où vous êtes, regardez autour de vous. Je suis présentement assis à un bureau fait de produits du bois, tapant sur un ordinateur fabriqué à partir de matières plastiques (traitement du pétrole) et de circuits métalliques (extraction minière) avec une infime quantité de silicium quelque part sur une puce. Mes vêtements sont un mélange de coton (agriculture) et de tissus synthétiques (traitement du pétrole). Je suis sur le point de me rendre à une réunion dans un véhicule en métal et en plastique doté d’un moteur à essence. Vous pouvez bien être en train de lire ceci sur un téléphone portable (plastique et métal). Ou, peut-être dans votre somptueuse maison faite de bois (foresterie), de cloisons sèches (carrières), de tuiles (plus de carrières), de fenêtres (verre fabriqué à partir de sable traité), etc. Vous comprenez l’idée.
Maintenant, imaginez ce à quoi ressemblerait votre monde si tout ceci disparaissait. Tout. Vous ne porteriez pas de vêtements (ou seriez habillé de peaux d’animaux chassés), vous vivriez dans la forêt ou dans la prairie. Puisque c’est tout ce qu’il vous reste du secteur primaire. Oui, c’est tout.
Votre autre argument contradictoire peut aller comme suit. « Allez Keith, réveille-toi. Si nous continuons à bâtir de nouvelles installations pour le pétrole, le gaz, l’exploitation minière, la foresterie et autres ressources, nous ne mettrons jamais un terme à ce cycle. » Et je suis d’accord, mais voici où le bât blesse. Nous devons le faire de manière réfléchie. Il faudra certainement plusieurs années pour nous débarrasser du mode de vie que nous avons construit. Si nous, au Canada, ne faisons que protester et refusons d’expédier du pétrole ou des métaux, cela se produira tout simplement dans d’autres régions du monde, dont certaines d’entre elles ont beaucoup moins de réglementations environnementales et de terribles antécédents en ce qui a trait aux droits de l’homme. Il y a une demande mondiale pour toutes ces choses et apaiser artificiellement notre conscience en éliminant ces industries et en exportant les problèmes vers d’autres régions du monde n’aide personne, du moins, cela n’aide pas la planète Terre.
À partir de là, qu’allons-nous faire? Réfléchissons à la manière ultra logique de M. Spock. La raison veut qu’à moins de vouloir vivre comme nos TRÈÈÈS lointains ancêtres, et je constate qu’il y a peu de volontaires, nous continuons à exploiter, à forger des puits de pétrole et à couper du bois en deux à quatre pattes. Pendant ce temps, nous continuons à investir et à faire intensément de la recherche dans le stockage d’énergie, les vraies énergies renouvelables et les constructions et produits de fabrication de remplacement potentiels pour ceux qui sont actuellement omniprésents mondialement. Il serait bien aussi de penser à d’autres problèmes de taille comme la population mondiale. Nous avons besoin d’un débat intelligent et dosé pour créer un nouvel avenir et pas seulement une salade BANANA.
Les vraies solutions durables prendront des décennies à s’accomplir et exigeront un engagement légitime de chacun d’entre nous. Si vous voulez faire couler le bateau dans lequel nous naviguons actuellement, je vous y invite. Mais lorsque vos pieds seront mouillés et que vous n’aurez nulle part où aller, je vous souhaite que l’affiche de protestation flottera.
Oh, une dernière chose : GO CANUCKS!!!