Vous ne pouvez pas pousser sur une corde

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lme4_f_2_sones_400.jpgKeith Sones

25 mars 2018

Ma mère a été bibliothécaire de bibliothèque scolaire pendant environ 35 ans avant de prendre sa retraite et son amour des livres, des connaissances et de la recherche était très présent. Elle était également assez passionnée pour s’assurer que ses enfants soient exposés à ces mêmes idéaux et notre style de vie reflétait son objectif. Nous étions libres de regarder autant de télé que nous le souhaitions, à condition de ne pas dépasser une heure par jour. Un peu comme l’offre de Henry Ford – vous pouvez acheter n’importe quelle couleur de modèle T que vous voulez, pourvu que ce soit noir. Comme nous n’avions que Radio-Canada en noir et blanc, le choix n’était pas difficile (sans vouloir offenser notre diffuseur national), alors nous nous sommes tournés vers la grande variété de livres à la maison pour se divertir.

Comme garçon de dix ans, l’une de mes collections préférées était la série d’encyclopédies World Book Encyclopedia que mon père avait achetée quelques années auparavant. Elles étaient offertes en ordre alphabétique, donc en ouvrant la couverture du volume « A », j’ai réalisé assez rapidement qu’elles étaient remplies de faits vraiment intéressants, comme la vitesse d’une antilope (environ 55 mi/h, si je me souviens bien), le volume de cuivre produit annuellement en Argentine (d’accord, j’ai oublié celui-ci depuis longtemps) et les populaires citations d’Aristote (« Celui qui surmonte ses peurs sera vraiment libre »). Et puis on passait aux B, aux C, etc. Mais attendez. Avant que vous ne pensiez que j’étais une véritable tronche, ce qui est partiellement vrai, la contre-offre se trouvait dans un hiver froid et sombre à Dawson Creek à faire du porte à porte pour gagner 50 cents à pelleter une allée de quartier, ce que j’ai aussi fait. Alors, entre la congélation pour faire un peu d’argent supplémentaire et rester au chaud en lisant sur la densité de population à Tokyo, à -40 degrés le choix était souvent facile.

Passer beaucoup de temps à apprendre toutes sortes de faits divers sur différents sujets m’a fait prendre conscience que je devais faire quelque chose avec mes nouvelles connaissances. Puisque Quelques Arpents de Pièges n’était pas inventé et que les oreilles de lapin sur notre petit téléviseur Westinghouse n’étaient pas assez puissantes pour capter Jeopardy!, je me précipitais dans la cuisine et demandais à ma mère et à mon père s’ils savaient, disons, quelle était la langue officielle du Zaïre. J’éclatais de fierté lorsqu’ils répondaient : « Non, je ne sais pas ». À ce moment-là, je laissais déferler les résultats de ma dernière incursion au cœur des pages du World Book. J’étais décontenancé lorsqu’ils connaissaient la réponse, ce qui était fréquent (ha non, avaient-ils lu le même livre?), alors j’ai continué à creuser pour trouver des données plus obscures.

Il arrivait parfois que nous n’étions pas d’accord sur les réponses. Bien que j’étais devenu le savant d’une série de livres particulière, mes parents continuaient d’écouter les nouvelles de Radio-Canada et épluchaient les titres des journaux, alors que les affaires mondiales transformaient le monde et rendaient obsolètes les détails encyclopédiques écrits. Lorsque cela se produisait et qu’ils avaient inévitablement raison, mon info-bulle se dégonflait rapidement et je repartais un peu désillusionné en pensant que ma source de sagesse bien-aimée était loin d’être parfaite. Cependant, j’ai aussi commencé à apprendre une précieuse leçon, c’est que les choses que je pensais savoir (et je le pensais vraiment) pouvaient changer. Ça comptait.

La suite logique était d’entrer dans le monde des débats. Ce n’était pas ma fonction officielle, mais je m’engageais dans de bonnes discussions traditionnelles avec mes parents et ma grande sœur. Je n’avais aucune idée qu’il y avait des règles lors d’un débat formel, ou même que ce genre de discussion délibérée et quelque peu conflictuelle avait un nom dans le vaste monde qui allait au-delà de mon petit univers. Je savais simplement que c’était amusant d’utiliser des faits pour faire valoir un point, même si j’étais en désaccord avec le point lui-même. J’ai parfois lancé des questions flagrantes pour laisser croire aux autres qu’ils avaient l’avantage en leur offrant ce qui semblait être la position facile à soutenir. Hé maman, je jouerai le rôle des experts de la guerre nucléaire et tu me diras pourquoi un tel événement catastrophique est une mauvaise chose. Papa, est-il dans notre meilleur intérêt de mettre les enfants en prison pour la vie? Et ainsi de suite.

Maintenant, il est vraiment important de réaliser certaines choses. Pour remporter un débat, vous n’avez pas besoin d’être d’accord avec la position que vous prenez. Je peux être en désaccord avec véhémence d’un côté ou de l’autre dans un débat, et c’est correct. Mais pour gagner, vous avez besoin de faits. Des faits réels et concrets si possible. Inclure les émotions dans un débat vous fera presque invariablement perdre. Mais il est également très difficile de ne pas s’énerver sur des sujets qui vous passionnent. Alors que faire?

Ma réponse est venue de deux sources très improbables. La première se trouvait dans le volume « A » du 1970 World Book, encore une fois de mon bon ami grec Aristote, qui a dit : « C’est le signe d’un esprit instruit que de pouvoir défendre une pensée sans l’accepter ». Les débats de cuisine, que j’ai clairement perdus au profit de mes sages parents, se sont généralement produits lorsque mon processus est tombé en panne. Au lieu de les écouter, je laissais simplement leurs mots rebondir sur mes oreilles pendant que je réfléchissais à mon argument suivant. Je n’écoutais pas et je ne comprenais pas ce qui finissait par être la partie gagnante de leur argumentaire. Alternativement, mon bateau de débat coulait quand j’avais fait quelques recherches, mais pas suffisamment en pensant que j’en savais plus que nécessaire et je permettais ainsi à mes parents de voir les lacunes contenues dans mes arguments et de me donner le coup de grâce. Il m’est arrivé de simplement concéder le débat lorsque je réalisais que je me battais pour une cause perdue. Les arguments pertinents sont toujours des arguments pertinents, même si c’est votre ennemi juré qui les énonce.

La deuxième source était mon professeur de physique en 11e année qui nous a affirmé : « Il suffit de connaître deux choses pour réussir ce cours. F = MA et vous ne pouvez pas pousser sur une corde ». D’accord, il y avait d’autres équations nécessaires, mais cette référence à la corde signifiait simplement que lorsque les choses n’ont aucun sens, faites votre enquête parce qu’il y a probablement quelque chose de faux. Il voulait que nous réfléchissions et pas simplement gribouiller des chiffres.

Avec toute cette histoire dans ma poche arrière, une déclaration sur les médias sociaux a récemment retenu non attention et m’a rappelé l’importance des faits et de la pensée critique : « De toute manière, nos services de santé sont entièrement payés par nos primes du régime des services médicaux, donc si l’industrie des ressources ne nous aide pas, pourquoi devrions-nous la laisser prendre nos ressources? »

Pour vous mettre en contexte, j’habite en Colombie-Britannique et, depuis des années, nous payons un modeste montant par mois au régime des services médicaux, un fonds gouvernemental. Pour une famille de deux adultes (et autant d’enfants que vous voulez), le coût est de 150 $ par mois, donc le coût par personne pour les revenus plus élevés (supérieur à 42 000 $/année) est inférieur à 1 000 $ par année. 

Je l’ai d’abord examiné d’un point de vue politique en argumentant contre le secteur des ressources. Cependant, après une minute de réflexion, c’était comme si quelqu’un poussait une corde – la déclaration ne semblait pas logique. Je me suis donc replongé dans mon état d’esprit d’enfant curieux et j’ai un peu vérifié les faits. Il se trouve qu’avec le budget provincial de 19 milliards de dollars en santé pour 2018-2019 et une population d’environ 4,8 millions, chaque homme, chaque femme et chaque enfant de la province aurait dû débourser un peu moins de 4 000 $ par année pour équilibrer le budget. Non seulement cette déclaration personnelle était fausse, mais elle était complètement fausse! À des lieux de la réalité. Les redevances et les taxes sur les ressources contribuent massivement à notre infrastructure sociale. Et pourtant, voici une personne qui a bâti son point de vue politique sur la base d’informations qui sont au mieux trompeuses et au pire dommageables. Fausse nouvelle!

Maintenant, je ne suis pas assez naïf pour croire que tout le monde mène sa vie en suivant les principes de l’Évangile et que cette personne soit passée à travers les mailles du filet. Nous subissons tous les jours des rhétoriques, des revirements et du manque d’informations. Mais c’est aussi une question de degré, et parfois ne pas connaître ou ne pas utiliser les faits a des conséquences importantes. Voici deux autres exemples sur la journée en cours.

À moins d’avoir vécu sous une pierre depuis un an ou plus, vous avez entendu parler des mouvements sociaux #metoo et #timesup. Peu importe votre opinion face aux vedettes de cinéma, aux musiciens, aux politiciens et aux magnats qui se sont retrouvés sous les feux des projecteurs pour de prétendus mauvais comportements, une certaine clarté s’installe avec un peu de recherche. En 2010, une étude de la GRC indiquait que parmi les plaintes pour agression sexuelle et harcèlement déposées chaque année, un peu moins de 1 % s’étaient avérées fausses ou trompeuses au moment de l’enquête. Autrement dit, lorsqu’une plainte est déposée, vous avez 99 % des chances d’avoir raison si vous croyez l’accusateur. Tout comme lors de l’achat de billets de loterie, je ne peux pas dire avec certitude quels cas individuels représentent le 1 %, mais supposer que l’auteur présumé est M. Innocent est tout simplement un mauvais calcul.

Placer ses convictions là où c’est statistiquement approprié a également du sens. C’est une chose difficile pour une femme (ou un homme) de se manifester et d’identifier publiquement son agresseur. L’argent est très rarement la motivation, alors quel est l’objectif? Mis à part faire éclater la vérité au grand jour et reprendre le contrôle de leur estime de soi, pas grand-chose. Pourquoi sommes-nous si prompts à refuser de croire? C’est inconfortable, cela remet en question notre rang social, nous ne voulons pas croire que nous avons été aveugles (ou avons participé) et que nous ne savons pas comment réparer les choses, alors nous nous remettons la tête dans le sable.

Il existe aussi plusieurs mythes sur l’énergie renouvelable qui semblent ne pas être remis en question. Le plus important, que j’observe sur une base quotidienne, c’est que nous devons « remplacer » l’énergie produite par les combustibles fossiles par des installations éoliennes et solaires. En Alberta, avec une taille raisonnable d’exposition au vent (et en croissance, ce qui est génial!), voici les statistiques aux environs de midi le jour où j’ai écrit cet article :

95,13 % de l’énergie provient des combustibles fossiles, le vent représente 3,67 % de la capacité et 0,53 % de la production, l’énergie solaire avec une capacité de 100 % génère 0,149 % de la charge.

L’énergie éolienne et solaire sont des sources d’électricité fantastiques et fonctionnent de manière compatible avec d’autres sources d’énergie garantie telles que les turbines à gaz et les grandes centrales hydroélectriques, permettant ainsi de stocker et d’utiliser le gaz et l’eau plus tard lorsqu’il ne vente pas ou que le ciel se couvre. Les batteries et autres technologies permettent-elles une substitution complète? Peut-être et même probablement, mais pas aujourd’hui, ni la semaine prochaine et ni l’année prochaine. Donc substituer l’un pour l’autre n’est pas encore une option, c’est un fait qu’une personne peut facilement découvrir si elle prend le temps. Pourtant, les gens continuent de crier et de brandir leurs fourches, exigeant un changement complet dès aujourd’hui.

Nous nous trouvons en situation trompeuse et dangereuse lorsque nous prenons le chemin facile, acceptant les perceptions sociales comme substitut à des informations actuelles et précises. Des impacts négatifs significatifs peuvent se produire lorsque nous n’arrivons pas à nous renseigner et à comprendre comment fonctionne le monde et pas simplement comme nous souhaitons qu’il le fasse. L’ignorance peut être salutaire et les films de Disney sont amusants, mais ils ne sont pas un substitut au monde réel dans lequel nous vivons et que nous devons améliorer.

Alex, je vais prendre l’amélioration globale pour 800 $…

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