Le travail communautaire nous enseigne aussi des leçons d’affaires

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lme4_f_2_sones_400.jpgKeith Sones

18 mai 2018 

Les sports ont toujours occupé une grande place dans le quotidien de ma famille. Qu’il s’agisse d’entraîner un groupe de cinq ans qui détruit un terrain de soccer ou de pousser mes jambes brûlantes pour la dixième fois au haut d’une colline lorsque je m’entraîne pour un marathon, l’augmentation du rythme cardiaque et la transpiration ont toujours été importants pour ma femme et moi.

Nous vivons depuis plus de dix ans dans la région de West Kootenay, en Colombie-Britannique, une région où les forêts de pins sont denses, les montagnes escarpées, les étés chauds et la neige abondante en hiver. Les loisirs de plein air étant l’une des principales attractions dans la région, nous avons rapidement adopté ce mode de vie et ajouté le ski de fond au répertoire de nos activités. Comme d’habitude, nous avons plongé tête première et peu de temps après ma femme Rosanne et moi préparions des pistes et entraînions les enfants toutes les fins de semaine.

Notre fille Hollie et notre fils Hunter ont passé toutes les fins de semaines à apprendre les techniques nécessaires pour glisser, grimper au sommet d’une colline, négocier des virages serrés à haute vitesse et, surtout, remonter sur leurs skis après s’être retrouvés dans un banc de neige! Ils sont devenus de très bons skieurs et, par conséquent, des athlètes très en forme.

Un dimanche après-midi, le grand-père de l’un des jeunes enfants à qui nous enseignions, nous a demandé si Hollie aimerait se présenter au champ de tir de biathlon local et l’essayer. Le biathlon? Je n’avais aucune idée de ce que c’était, alors quand il nous a expliqué que c’était une combinaison de tir au fusil et de ski, j’étais à la fois intrigué et confus. Ils allaient mettre un fusil dans les mains d’un enfant? Sont-ils fous? Les armes sont dangereuses! Cependant, nous avons finalement cédé et sommes allés voir de quoi il s’agissait.

Nous avons immédiatement été frappés par l’importance accordée à la sécurité et à l’athlétisme. Quoi qu’il en soit, le sport était très professionnel et était loin d’être du genre « on tire des canettes de bière à partir du porche arrière » comme je le craignais. Hollie s’est immédiatement adonnée à cette ancienne tradition nordique, mais Hunter, âgé de cinq ans, était considéré trop jeune pour participer. Boum! Ça s’arrêtait là. Ça n’allait tout simplement pas fonctionner car nous ne pouvions pas aller en montagne deux fois par semaine et laisser notre jeune fils à lui-même. Cependant, après discussion, l’entraîneur a dit à Rosanne : « D’accord, il peut participer, mais je ne peux pas l’entraîner. Vous devrez le faire. »

Ceci étant dit, ni Rosanne ni moi n’avions été élevés en présence d’armes à feu, alors quand on lui a dit qu’elle devrait être entraîneur au tir, une compétence très précise qui prend plusieurs années à acquérir, c’était comme dire à un ours que la seule façon de traverser une rivière est en catamaran. C’était tout simplement impossible. Cependant, au moment où j’ai (d’accord, j’aurais) abandonné, Rosanne, elle, est une personne très déterminée. C’est munies d’un vieux fusil de calibre .22 spécialement raccourci et armées d’une expérience à peu près nulle, qu’elle et Hunter ont amorcé leur périple. 

Avec beaucoup de pratique, une volonté d’apprendre et une détermination à toute épreuve, il s’avère que l’impossible peut effectivement se produire. En tant que famille d’entraîneurs et de biathlètes, nous avons commencé à voir des améliorations, suivies assez rapidement d’une collection grandissante de médailles issues des diverses compétitions provinciales. Rosanne était devenue très compétente pour savoir intuitivement comment ajuster les viseurs de fusil quand le vent soufflait, quelle position devait adopter l’athlète lors du tir, et comment profiter de cette puissance mentale supplémentaire qui fait la différence entre une médaille d’or et des larmes à la ligne d’arrivée. Pendant ce temps, Hollie et Hunter s’amélioraient de plus en plus, propulsant leur esprit et leur corps plus loin qu’ils ne l’auraient jamais imaginé et toujours capable de tirer cinq coups consécutifs à travers une cible de la taille d’un deux dollars dans une tempête de neige aveuglante. L’infanterie norvégienne d’autrefois aurait été fière!

Avec l’entraînement familial et les positions des athlètes bien en main, je me suis concentré sur la compréhension des règles du jeu plus en détails. Il s’avère que plus de données doivent être transmises entre les mains des officiels pour le biathlon que pour tout autre sport olympique. Cibles touchées, cibles manquées, temps de ski, pénalités : il se passe beaucoup de choses! Et comme tant d’autres choses, il faut détenir une connaissance approfondie de l’ensemble de l’événement, avoir le souci du détail et la capacité de bien communiquer pour arriver à bien faire les choses.

Je ne parle pas du type de communication qui se produit lorsqu’une feuille de pointage est transmise à un officiel principal. Une compétition de biathlon est en quelque sorte unique. Vous avez généralement très peu de personnes qui comprennent toute la portée de l’événement et un grand groupe de bénévoles enthousiastes dont vous dépendez pour réussir. Pas de bénévoles, pas de course. Alors, quand ils se présentent pour pelleter la neige, nettoyer les cibles, poser des tapis de tir et faire un million d’autres choses, vous devez leur dire très rapidement EXACTEMENT ce qu’ils doivent faire, leur montrer comment faire et s’assurer après coup que cela a été fait correctement. Pas de deuxième changement, pas de longues discussions : une seule fois pour bien faire les choses.

Et la dernière chose vraiment importante. Les bénévoles doivent être heureux. Personne n’est payé pour sortir du lit beaucoup trop tôt un samedi matin froid et sombre, alors vous devez vous assurer qu’ils se sentent appréciés, qu’ils soient nourris et savent qu’ils sont un joueur important dans l’événement, peu importe ce qu’ils font. Parce que s’ils ne le ressentent pas, ils seront absents la prochaine fois. Et il n’y aura plus d’événement.

Par passion et par nécessité, nous avons formé une petite équipe de responsables locaux qui, comme d’excellents entraîneurs et athlètes, ont travaillé ensemble pour y arriver. Qu’on parle d’une petite course régionale ou des Jeux d’hiver de la Colombie-Britannique, tout le monde connaissait son rôle, l’a bien fait et a mis son égo de côté. Cela fonctionnait très bien et les bénévoles savaient qu’ils étaient recherchés et appréciés.

À la fin de 2006, nous avons décidé, pour des raisons professionnelles (du genre qui paie les factures), de déménager dans la région de Vancouver. Nous nous sommes installés à Squamish, une ancienne ville industrielle située entre la ville et la station de ski de Whistler qui devenait de plus en plus une destination pour les activités de plein air. C’était également tout près de la route du parc olympique en construction, le site en devenir des Jeux d’hiver de 2010. On aurait dit qu’il se passait quelque chose et c’était le cas.

En préparation des Jeux, plusieurs compétitions ont été organisées en tant qu’événements tests avant le Jour J. Cela comprenait des championnats nationaux et une Coupe du monde, destinés à la fois à présenter le site et à régler les problèmes. Il a également attiré un grand nombre de bénévoles, désireux d’aider la cause et de repartir avec le souvenir d’avoir fait partie de l’histoire. Grâce à nos expériences précédentes, Rosanne et moi sommes devenus membres de l’escouade bleue du club des schtroumpfs. Si vous ne comprenez pas, tapez « Tenues des bénévoles des Jeux olympiques d’hiver 2010 » dans Google et ce sera clair pour vous.

Maintenant, juste pour que vous le sachiez, les Jeux Olympiques sont très différents des événements sportifs régionaux, nationaux et même internationaux. Il y a beaucoup d’argent disponible. Il y a beaucoup d’organisateurs professionnels qui se présentent pour faire fonctionner les choses. Il y a des gens partout. Et ils veulent tous être aux commandes.

Les Jeux Olympiques sont un événement professionnel bien financé qui attire des milliards de téléspectateurs et tout le monde semble vouloir avoir sa part du gâteau. Bien que certains des organisateurs soient des gens merveilleux qui n’ont pas oublié l’excitation que génère le sport, d’autres ont tendance à être, disons, plus concentrés sur les données et moins sur les gens. Dans l’ensemble, les Jeux de 2010 ont été merveilleux. Cependant, cela a coûté très cher pour que cela se termine de cette manière et plusieurs bénévoles étaient épuisés à la tombée du rideau.

Comme je travaille dans l’industrie de la haute tension depuis près de 30 ans, j’ai eu le privilège de travailler sur plusieurs projets au Canada et ailleurs. Certains ont été semblables à notre petit groupe de représentants du biathlon partageant les mêmes idées tout comme le propriétaire, les Premières nations et l’entrepreneur travaillant ensemble pour atteindre un objectif commun : une ligne de transport, un poste ou la remise sous tension suite à un ouragan. D’autres projets ressemblaient davantage à l’expérience des Jeux lorsque plusieurs personnes voulaient prendre les décisions, même au détriment d’un autre coéquipier. Ce sont bien souvent ces projets qui ont entraîné des coûts plus élevés, des échéanciers retardés et une frustration persistante. 

Heureusement pour nous, la recette du succès est évidente. Clarifiez la portée du contrat pour tous les joueurs. Un bon plan de communication pour que tout le monde comprenne ce qui est bon pour le projet, pas seulement pour eux-mêmes. Utilisez les personnes impliquées pour créer une équipe performante, peu importe à qui appartient le logo de l’entreprise sur le chèque de paie, au lieu d’un groupe d’individus. Gardez le nombre de « chefs cuisiniers dans la cuisine » au minimum, pour éviter que les gens travaillent de manière contradictoire. Sélectionnez l’équipe en fonction de son historique de projets réussis selon les besoins et les attentes du client.

Lorsque j’ai regardé Hollie et Hunter compétitionner avec succès et que j’ai vu l’expression d’accomplissement sur le visage de Rosanne lorsqu’elle a réalisé qu’elle était l’entraîneur de la championne nationale de tir, cela a renforcé ce que je savais depuis un moment. Pour réussir à atteindre un objectif, il faut travailler dur, savoir ce qui doit se passer et toujours se concentrer sur l’objectif. Cela n’a rien avoir avec le fait d’avoir plus de gens, de leur donner plus d’argent ou d’atteindre une cible au détriment des autres. Cela mène bien souvent à des manchettes de journaux qui se lisent comme suit : « Le gouvernement exige une enquête concernant d’énormes dépassements de coûts! » Et parfois, la notoriété est surestimée.

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