Vision de « produits approuvés comme équivalents »
John Kerr
22 juillet 2018
D’après notre vision de l’industrie électrique canadienne et en tant que membre de ce secteur qui comprend comment nos lecteurs achètent, spécifient, installent et entretiennent les appareillages électriques au pays, nous souhaitons aborder le débat du « approuvés comme équivalents » qui semble de plus en plus courant de nos jours.
Nous entendons parler de cette question autant à propos de projets commerciaux, institutionnels qu’industriels partout au pays.
J’ai trop souvent entendu parler de présentations faites par nombre de fabricants d’appareillages électriques à des consultants et des entreprises de génie-conseil où les exposés étaient élaborés en fonction de besoins et d’applications spécifiques avec pour intention que les produits de la firme soient nommés dans la spécification et se faire dire qu’ « approuvés comme équivalents » serait la façon dont ils amenderaient la spécification.
« Approuvés comme équivalents » pose problème. Les partenaires fournisseurs de la communauté du génie mécanique et électrique aident souvent les experts-conseils à concevoir un projet, à donner des conseils sur les pratiques exemplaires, et à donner des informations sur l’application des normes et des codes canadiens. Ils offrent des données et de la formation sur les produits, montrent des précédents survenus dans d’autres scénarios et apportent une valeur ajoutée allant au-delà de l’offre de produits.
Nous observons le fait que de ne pas figurer dans les spécifications signifie ne plus être à armes égales avec les produits nommés pouvant s’y trouver inchangés depuis des années et même, parfois, des produits devenus inapplicables.
Pour l’expert-conseil, utiliser une ancienne spécification dans laquelle figurent des produits dépassés ou des fabricants qui ne fournissent plus les produits requis sur le marché canadien ou qui n’ont plus les partenariats nécessaires pour assurer leur entretien n’est pas une option.
Il s’agit d’un scénario perdant pour l’industrie, car les entrepreneurs en électricité et les distributeurs de matériel électrique hésitent à croire que certains produits sont acceptables, même s’ils sont la norme de conception du projet, car ils n’ont pas été nommés parce que la spécification standard, en vigueur depuis de nombreuses années, n’a pas été révisée.
Même dans les cas où le fournisseur potentiel n’est pas nommé dans une spécification, mais souhaite soumissionner, il inclut d’habitude une déclaration pour faire savoir au distributeur qu’il est acceptable pour le consultant. Lorsque les distributeurs ne sont pas spécifiquement nommés dans la spécification ou sur les plans, cela peut les empêcher d’aller de l’avant et de transmettre l’information à l’entrepreneur.
Malheureusement, si le distributeur et l’entrepreneur présentent un produit qui n’est pas nommé, ils risquent d’être pénalisés si le produit transmis dans leur devis n’est pas acceptable pour l’expert-conseil.
L’incidence économique pour le propriétaire du bâtiment est que les fournisseurs d’un produit unique identifié dans les spécifications peuvent et ont souvent un prix plus élevé et non concurrentiel. Résultat : la compétition sur le projet est faible et le propriétaire de l’immeuble paie davantage qu’il le devrait pour les composantes spécifiées.
Pour le consultant, l’incidence économique est la perte de productivité résultant du temps consacré à la révision et à la modification fréquente des plans et des soumissions pour sélectionner les bons équipements, surtout lorsque des spécifications et des plans obsolètes ne reflètent pas les pratiques, les produits et les codes courants. Vu la haute compétitivité du secteur de la consultation, il est surprenant que ces omissions se poursuivent.
Le fait est que de nombreux fabricants et fournisseurs d’appareillages électriques engagés dans le marché canadien avec du personnel et des ressources comprennent ce dont les Canadiens ont besoin et fournissent par conséquent de l’assistance technique en révisant les projets. En la matière, ils détectent souvent de petites omissions et, parfois, des erreurs qui évitent des surcoûts importants.
La plupart du temps, à titre d’éléments à valeur ajoutée, ils offrent cette assistance gratuitement, même s’ils supportent les surplus de temps et d’argent pour le travail investi par leur personnel d’ingénierie. Trop souvent, les distributeurs et entrepreneurs locaux sont incapables de profiter des nouveaux produits et fonctions par crainte que ces produits ne soient pas acceptables.
La réalité est que le développement de produits continue, que les utilisateurs finaux demandent de nouvelles solutions et plus de fonctionnalités, que les entrepreneurs veulent une installation plus facile et des fournitures fiables, et que les distributeurs désirent des partenaires canadiens.
Il est peut-être temps d’avoir un débat et un dialogue ouverts. À notre avis, il existe de très bons produits et d’excellentes solutions qui ne sont pas utilisés aujourd’hui, mais qui pourraient permettre de gagner du temps et de l’argent ainsi qu’édifier un avenir meilleur pour le partenariat fournisseur, ingénieur, client et grossiste.