Jean-Marc Myette – Du Ty-Rap à la robotisation – Coup d’œil privilégié sur l’industrie électrique
27 septembre 2018
Rencontrer des gens de notre industrie réserve souvent des surprises. Ce fut le cas avec Jean-Marc Myette, Directeur, Développement des Affaires pour la division des produits d’électrification chez ABB et Président du Conseil d’Administration de la section Québec de l’ÉFC. Non seulement connait-il l’industrie électrique et le moindre développement de ses produits et innovations technologiques, il est aussi un coureur automobile professionnel en sabbatique, un être très impliqué dans sa communauté d’affaires et de vie.
L’industrie électrique a toujours été présente dans sa vie. Son père travaillait chez T & B et il l’a suivi partout à travers le Canada. Enfant il jouait avec des Ty-Raps (produit phare de T&B). « Le samedi matin, j’allais avec mon père et ma sœur chez T&B pour dessiner. Durant toutes ses études secondaires, il a travaillé chez des distributeurs électriques et après des études collégiales en électrotechnique, il amorce sa carrière professionnelle chez un distributeur électrique alors que nous sommes en pleine récession économique. C’est seulement le premier défi qu’il relèvera. Ventes internes, externes, le parcours habituel et puis scénario connu dans l’industrie, un fabricant majeur quitte la maison et ses revenus baissent de moitié. Il communique avec les gens qu’il a connus plus jeune et deux mois plus tard il amorce sa longue et florissante carrière chez T&B, maintenant devenu ABB. Retour au service à la clientèle obligé, il dit qu’il a fait un pas en arrière pour sauter sur une occasion qu’il ne pouvait pas manquer. « Ce que j’ai retenu de mon parcours professionnel c’est qu’en pensant faire une erreur, j’ai appris qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Les gens me disaient de ne pas passer d’un travail chez un distributeur à un fabricant. J’ai fait à ma tête, mais je n’avais pas vraiment le choix, j’entamais la vie commune avec ma femme. J’ai laissé les responsabilités que j’avais pour revenir à la prise de commandes sur un bloc-notes. J’ai maintenant 35 ans d’expérience dans cette industrie et si on compte les années du secondaire, je pourrais dire qu’à 55 ans j’ai plus de 40 ans d’expérience dans l’industrie. »
L’avenir de l’industrie électrique
Jean-Marc a connu l’industrie du Ty-Rap à la robotisation. Il est un témoin privilégié de l’avenir de l’industrie. « Pour moi, c’est une industrie en pleine mutation. On peut même dire que ça peut être bouleversant pour les boomers, mais stimulant pour toutes les autres générations. Ce sont deux paradigmes différents. » Il poursuit, « l’électrification des transports c’est un virage obligatoire devant nous. La miniaturisation est un autre aspect en développement de notre industrie. L’éclairage d’urgence c’est maintenant une plaque de verre, tout change. De nouvelles techniques se développent au niveau des produits, nous nous dirigeons dans certains segments vers l’électricité à induction sans contact. Des demandes radicales nous sont envoyées par les énergies renouvelables. Le changement de générations va amener une révolution chez tous les joueurs de l’industrie : distributeurs, fabricants et agents. Tous vont trouver une façon de révolutionner leur marché et de se positionner dans de nouveaux marchés.
Quels sont les changements que vous attendez le plus dans l’industrie?
« Nous sommes une industrie en plein changement et au cœur du changement. Pour moi, l’électrification des transports sera le nouveau pactole de notre industrie, des véhicules qui se rechargent seuls, le transport sur rails, les bus électriques. De nombreuses infrastructures sont à implanter pour supporter ces changements, le passage du AC vers le DC. J’aimerais que nous puissions déjà être là où d’autres pays sont déjà. »
S’il pouvait changer une chose dans l’industrie, quelle serait-elle?
« Je trouve que je suis un homme chanceux d’avoir toujours eu des femmes autour de moi dans la vie, à la maison comme au travail. (Il a deux filles et depuis des années, il a travaillé avec plusieurs femmes comme patronnes et collègues chez T&B/ABB, des femmes qui lui ont confié des défis professionnels importants). Je pense que notre industrie devrait avoir une plus grande ouverture aux femmes. »
Comment concilier travail et vie personnelle
Il a passé son enfance et l’adolescence à côtoyer l’industrie électrique, son épouse travaille chez ABB, comment peut-il réussir à concilier travail et vie personnelle? « Pour moi famille et carrière sont liées même si j’ai du temps exclusif pour chacune. Je suis un gardien de la mémoire « voir Gate keeper » autant au travail qu’à la maison et j’ai relevé de bien beaux défis dans ces deux sphères de ma vie. Quand ma patronne de l’époque, Nathalie Pilon, m’a envoyé faire un MBA sur le tas en assumant la gestion d’une usine de fûts d’éclairage de rue et structures d’aluminium, j’y ai consacré des heures que je ne pourrais comptabiliser, mais quelle école de formation! Pendant ces années passées dans notre industrie, j’ai relevé un défi personnel, celui de devenir pilote de course professionnel. Mon épouse m’a offert en 1996 un cours de pilotage pour la fête des Pères. De 1997 à 2009, j’ai eu ma licence de pilote professionnel – Formule FF2000, Formule Ford, Cascar, Touring Car, du Circuit Mont-Tremblant à celui de Mosport… en passant par les Grand Prix de Montréal, de Trois-Rivières et le Molson Indy de Toronto, il a tout essayé sauf le rallye… et c’est pour ça dit-il qu’il conduit des Subaru. J’aime planifier, organiser et réussir. »
En guise de conclusion
« Notre industrie est tissée serrée, nos concurrents peuvent être nos meilleurs amis dans la vie. J’espère que la nouvelle génération va se joindre à nous pour relever les excitants défis devant nous. » Aucun doute, Jean-Marc n’a pas terminé lui de relever des défis!