Pourquoi certains travailleurs prennent des risques?
14 mai 2020
Beaucoup d’entre nous prennent des risques dans leur vie quotidienne, comme utiliser leur téléphone cellulaire en conduisant ou dépasser les limites de vitesse, tout en évitant heureusement les blessures et les dommages potentiels. Nous sommes récompensés pour notre prise de risque par une certaine commodité, un apparent gain de temps et même par l’approbation tacite des observateurs qui ne s’opposent pas à notre comportement à risque.
Afin de réduire les blessures en milieu professionnel, nous devons tous reconnaître que nous acceptons certains risques au quotidien et prendre conscience des facteurs d’influence de la tolérance au risque.
Les 10 facteurs d’influence de la tolérance au risque
1. Surestimation des capacités ou de l’expérience
« Ça ne m’arrivera jamais. » Les gens ont tendance à prendre plus de risques lorsqu’ils se fient à leurs capacités physiques, leur force, leur agilité, leur temps de réaction et leurs réflexes pour prévenir un accident. Un travailleur peut surestimer ses capacités physiques et tolérer un plus grand risque pour les tâches impliquant la force physique. Ou il pourrait surestimer son agilité et accepter de prendre le risque de travailler sur une surface mal adaptée. Ce facteur est également en lien avec les situations où un travailleur chevronné se fie à ses années d’expérience et à ses connaissances comme justification pour effectuer le travail de façon plus risquée.
Stratégies pour réduire la tolérance : Réfléchissez à votre rôle de mentor. Admettez que malgré votre expérience, les risques sont toujours là. Reconnaissez vos compétences, mais continuez d’appliquer correctement les politiques et les procédures.
2. Familiarité avec la tâche
« Je l’ai fait 100 fois avant sans aucun problème. » Cela se produit quand un travailleur effectue une tâche plusieurs fois avec succès tout en ayant la capacité de le faire sans y penser ; un état appelé « inconsciemment compétent. » Les recherches montrent que les travailleurs dans cet état peuvent ne pas prendre conscience des dangers potentiels. Ce mode de pilote automatique se produit sans que le travailleur ne doive se concentrer, l’empêchant ainsi de percevoir les dangers potentiels.
Stratégies pour réduire la tolérance : Ramenez votre conscience à la tâche effectuée. Complétez chaque tâche comme si c’était la première fois, ou réfléchissez à comment vous enseigneriez cette tâche à un nouveau travailleur.
3. Gravité potentielle
« Ça ne peut pas être si grave. » Ici, le risque est perçu. Cependant, le travailleur sous-estime la gravité des conséquences potentielles. Le travailleur peut penser que le pire qui puisse arriver soit une simple égratignure alors qu’en réalité, les conséquences peuvent être bien plus graves.
Stratégies pour réduire la tolérance : Arrêtez-vous et réfléchissez : « Quelle est la pire situation qui puisse arriver? » Pensez aux conséquences potentielles et réelles, et non seulement les plus probables. Ne minimisez pas les risques!
4. Actions volontaires et sensation de contrôle
Nous acceptons plus facilement le risque d’une action que l’on entreprend de façon volontaire. Une fois que nous avons pris la décision de participer à une activité, soit au travail, soit à l’extérieur, un processus appelé « préjugé de confirmation » se produit et nous nous persuadons que c’est sécuritaire malgré les risques réels. Ce préjugé de confirmation est amplifié lorsque nous sommes en contrôle ou que nous pensons avoir le contrôle sur une situation. Le contrôle donne un sentiment de confiance en nos capacités et nous sous-estimons ainsi les risques.
Stratégies pour réduire la tolérance : Intégrer la méthode « S’arrêter et réfléchir » dans vos activités.
Avant et pendant une tâche :
S’arrêter et réfléchir
- Qu’est-ce qui pourrait mal tourner?
- À quel point pourrait-ce être grave?
- Est-ce que je comprends bien la tâche?
- Est-ce que quelque chose a changé?
- Suis-je physiquement et mentalement prêt?
- Ai-je les bons outils et équipements?
Agir
- Rendre la tâche sécuritaire.
- Utiliser la bonne procédure.
- Utiliser les bons outils.
- Réduire les risques.
Arrêtez-vous si vous ne pouvez pas faire la tâche en toute sécurité!
5. Expérience personnelle
Les événements vécus personnellement peuvent suivre un individu pendant une longue période, parfois même toute une vie. Ils peuvent avoir un impact sur le processus décisionnel d’une personne face à l’accomplissement de tâches auxquelles il associe un événement négatif. Ceci peut diminuer sa tolérance au risque associée avec une tâche similaire. Par contre, un travailleur qui n’a jamais vécu une conséquence grave liée à la tâche acceptera un niveau de risque plus important, doutant de la possibilité que quelque chose de grave puisse réellement leur arriver. Les nouveaux employés doivent écouter les témoignages des victimes des accidents graves passés afin de réduire leur niveau d’acceptation inconscient des risques.
Stratégies pour réduire la tolérance : Les superviseurs, les observateurs, les mentors et autres « gardiens de la mémoire d’entreprise » ont l’obligation de s’assurer que les travailleurs soient au courant que les incidents qui se sont produits sont dus au non-respect des procédures de sécurité et de démontrer la gravité des conséquences.
6. Coût de non-conformité
Le coût personnel peut influer sur la décision d’une personne d’accepter un risque et une personne peut être influencée par la mesure dans laquelle le coût de non-conformité sera élevé. Si le coût de la non-conformité (prendre un risque) est élevé, comme perdre un emploi ou recevoir une amende ou une pénalité, la personne peut décider de se comporter de manière moins risquée.
Stratégies pour réduire la tolérance : Identifier et augmenter le coût de la non-conformité tout en supprimant les barrières et augmenter la récompense pour la conformité.
7. Confiance en l’équipement
Un excès de confiance survient lorsqu’un travailleur accorde une confiance excessive dans l’équipement, en se fiant à ce que l’outil fonctionnera toujours exactement comme prévu. Lorsqu’un travailleur se familiarise avec des outils et des équipements particuliers et qu’il n’a pas connu de défaillance, il peut devenir trop confiant que l’équipement ou l’outil n’aura jamais de défaut de fonctionnement. Cela peut se produire avec des équipements simples tels que des outils à main, ou même des systèmes complexes comme les commandes d’ordinateur.
Stratégies pour réduire la tolérance : Ajoutez les limitations de l’équipement et de l’ingénierie dans votre formation. Arrêtez-vous et pensez : « que se passerait-il s’il y a une panne ou un défaut? »
8. Confiance en les équipements de protection et de sauvetage
Les risques deviennent plus fréquents lorsque les limitations de l’équipement de protection individuelle (EPI) ne sont pas comprises. Des niveaux de risques plus élevés sont acceptés lorsque les travailleurs mettent toute leur confiance dans l’équipement de sécurité qu’ils utilisent et qu’ils croient que si quelque chose tourne mal, ils peuvent se fier sur leur équipement de protection personnelle pour les protéger. Par exemple, un gant résistant aux chocs ne peut prévenir l’amputation d’un doigt.
Stratégies pour réduire la tolérance: Comprenez les limites des équipements de protection individuelle (EPI) et des appareils de sauvetage. Considérez-les comme les « dernières lignes de défense ».
9. Bénéfice potentiel et gain des actions
Ce facteur de tolérance au risque découle du désir de profit, de gain ou de reconnaissance. Cela se produit à un niveau individuel où une personne pourrait chercher à tirer profit de sa propre action, par exemple, en terminant une tâche plus tôt en négligeant certaines étapes. Cela peut également se produire au niveau organisationnel lorsqu’une entreprise tente de réduire les coûts en négligeant certaines mesures de sécurité. Le gain pourrait être direct, comme un gain financier, ou indirect, comme une reconnaissance accrue. Les gens peuvent augmenter dangereusement leur tolérance au risque lorsque les récompenses sont perçues comme étant plus élevées que le risque.
Stratégies pour réduire la tolérance: Supprimez les récompenses pour la prise de risque et éliminez les barrières à adopter des comportements sécuritaires.
10. Mentors acceptant les risques
Le niveau de risque toléré par les mentors a un impact direct sur le niveau de risques que les individus accepteront. Les travailleurs observeront leurs pairs, leurs superviseurs et leurs mentors afin de déterminer les procédures à suivre. Il est important de définir les mentors dans un groupe de travail et de mesurer leur tolérance au risque.
Stratégies pour réduire la tolérance : Identifiez les preneurs de risques (y compris vous-même) et remédiez à la situation. Reconnaissez où et quand les normes ne sont pas correctement appliquées et remédiez-y sans attendre.
La perception des risques porte sur la capacité des travailleurs à comprendre comment un danger pourrait causer un incident ou un dommage. La plus grande question qui subsiste est la tolérance au risque. En général, nous (individus, groupes de travail, départements d’entreprise) pouvons avoir une acceptation du risque qui est trop élevée. Les processus nécessaires pour aider les travailleurs à prendre des décisions adéquates s’appuient habituellement sur la confiance du jugement des travailleurs à déterminer le niveau de risque acceptable, en fonction de la formation sur la reconnaissance des dangers qu’ils ont reçue. Les solutions à la tolérance aux risques résident dans les processus qui aident les individus à prendre conscience et à identifier les dangers pour mieux comprendre les risques. De cette façon, ils seront mieux outillés pour prendre des décisions éclairées en matière de prise de risques.
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