Répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les métiers spécialisés : Prestation canadienne d’urgence

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16-mars-2022

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, plusieurs interventions gouvernementales sans précédent, y compris la fermeture d’entreprises non essentielles, des restrictions de voyage et des mesures de santé publique limitant les interactions publiques, ont été mises en place. Ces mesures, mises en œuvre par des responsables de la santé publique partout au Canada, ont eu une incidence évidente sur le marché du travail canadien, étant donné que les entreprises et les institutions de divers secteurs ont annoncé des mises à pied, réduit les heures de travail et éliminé de nombreuses possibilités d’emploi.

En réponse, pour soutenir les Canadiens subissant les répercussions du ralentissement économique causé par la COVID-19 sur le marché du travail, le gouvernement du Canada a mis en place une prestation temporaire, la Prestation canadienne d’urgence (PCU). La PCU a versé 500 $ par semaine à ceux qui ont gagné au moins 5 000 $ au cours des 12 mois précédents et dont le revenu a été considérablement réduit en raison de la pandémie. Il s’agissait d’un programme temporaire lancé le 15 mars 2020 et remplacé par des prestations d’assurance-emploi et d’autres prestations de relance économique le 27 septembre de la même année.

La pandémie de COVID-19 a eu d’importantes répercussions sur la plupart de ceux œuvrant dans les métiers spécialisés, car ces emplois exigent souvent des interactions concrètes de personne à personne. Cependant, les compagnons de différents métiers ont connu des répercussions variées. Certains secteurs de services jugés non essentiels ont été plus sévèrement touchés que ceux jugés essentiels. De plus, les variations géographiques concernant l’assouplissement et le resserrement des restrictions au fil du temps ont touché différemment les compagnons et les apprentis selon les régions. Les données de la Plateforme longitudinale entre l’éducation et le marché du travail (voir la Note aux lecteurs pour plus de renseignements) ont servi à la présente étude qui vise à analyser la proportion de compagnons ayant reçu la PCU parmi ceux qui ont obtenu un certificat entre 2008 et 2019. En s’intéressant aux pourcentages de bénéficiaires dans les différents métiers, régions géographiques et groupes de population, la présente étude peut fournir de plus amples renseignements sur la façon dont, dans ses premiers mois, la pandémie a touché les travailleurs des métiers spécialisés et comment les impacts ont varié  selon  les métiers et les groupes.

Plus de la moitié des femmes compagnons certifiées ont reçu la PCU au moins une fois

Pendant les 28 semaines où la PCU a été disponible, 38 % des compagnons certifiés entre 2008 et 2019 ont reçu la prestation au moins une fois. À titre de comparaison, environ le tiers (35,2 %) de l’ensemble de la population active (travailleurs qui ont gagné au moins 5 000 $ en 2019) a reçu la prestation. Parmi la population générale active, le pourcentage de travailleurs ayant reçu la prestation était plus ou moins égal pour les hommes et pour les femmes, 34,2 % et 36,3 % respectivement.Note En même temps, plus de la moitié (56 %) des femmes compagnons certifiées ont reçu la prestation, comparativement à jute un peu plus du tiers (36 %) des hommes compagnons. Non seulement les femmes compagnons étaient plus susceptibles de recevoir la prestation que les compagnons de sexe masculin, mais les femmes l’ont reçue aussi pendant plus de semaines (17 semaines) que les hommes (13 semaines). Cela indique que, dans les premiers mois de la pandémie, les répercussions financières de la pandémie de COVID-19 étaient plus répandues parmi les compagnons de sexe féminin que pour leurs homologues de sexe masculin, et ceci pourrait être aux types de métiers dans lesquels les hommes et les femmes obtiennent leur certificat.

La fermeture d’entreprises et d’établissements non essentiels au cours de cette période a eu une incidence disproportionnée sur les compagnons employés dans les secteurs de la restauration et de l’hébergement, et des services de soins personnels (salons de coiffure et barbiers), car leur capacité de travailler à distance était limitée. Par conséquent, les compagnons certifiés dans des métiers liés à de tels secteurs comptaient la plus forte proportion de bénéficiaires de la prestation. Plus de 70 % des coiffeurs/coiffeuses et des éducateurs/éducatrices de la petite enfance certifiés ont reçu la PCU. Si l’on tient compte du fait que ces métiers représentent la majorité des femmes compagnons au Canada, cela explique probablement la proportion plus élevée de femmes recevant la PCU que d’hommes.Note

Même si le recul de l’emploi a été observé dans la plupart des secteurs au cours de la période visée, certains secteurs jugés essentiels, comme la construction, l’extraction de pétrole et de gaz et les services publics, ou des secteurs où les interactions en personne étaient moins nécessaires, ont été moins touchés par le ralentissement économique lié à la COVID-19. Les compagnons certifiés dans ces secteurs, comme les mécaniciens/mécaniciennes de machinerie agricole (7 %), les monteurs/monteuses de lignes électriques (13 %) et les mécaniciens/mécaniciennes de camion et transport (18 %), affichaient les taux de réception de la PCU les plus faibles, tant chez les hommes que chez les femmes (tableau A1).

Les proportions de compagnons qui ont reçu la prestation étaient plus élevées au Québec et en Ontario que dans le reste du Canada

Bien que le taux de chômage ait augmenté considérablement dans toutes les provinces au début de la pandémie de COVID-19, passant de 5,9 % en février 2020 à 13,8 % en mai 2020 selon l’Enquête sur la population active (EPA), chacune des provinces et chacun des territoires a mis en œuvre ses propres mesures en fonction de la gravité des éclosions survenues. Les restrictions variables d’une région à l’autre, combinées à des différences dans la structure industrielle, ont entraîné des écarts dans le pourcentage de compagnons qui ont reçu la PCU. La répartition géographique différait également entre les hommes et les femmes.

Chez les hommes, les compagnons au Québec (43 %) étaient les plus susceptibles de recevoir la prestation, suivis de ceux en Ontario (36 %). Les compagnons de sexe masculin du Manitoba présentaient le pourcentage le plus faible de ceux qui ont reçu la prestation. En revanche, le pourcentage de femmes compagnons qui ont reçu la prestation était le plus élevé au Manitoba (64 %), suivi de l’Ontario (60 %).

Tant chez les hommes que chez les femmes, les compagnons en Ontario étaient plus susceptibles de recevoir la PCU que ceux des autres provinces. L’Ontario affichait aussi le pourcentage le plus élevé (42 %) de femmes compagnons qui ont reçu la prestation pendant 15 semaines ou plus (tableau A2). Cela pourrait être lié à des éclosions prolongées de COVID-19 dans de nombreuses régions du sud-ouest de l’Ontario pendant la période où la PCU était offerte (entre Mars et Octobre 2020), y compris Toronto. En réponse, des mesures plus strictes ont été mises en œuvre, alors que le reste du Canada s’en tirait relativement bien et levait les restrictions initiales.

Chez les hommes, l’Alberta affichait le pourcentage le plus élevé de compagnons qui ont reçu la prestation pendant 15 semaines ou plus (tableau A2), ce qui semblait lié aux difficultés économiques de la province. Selon les données de l’EPA, l’Alberta a enregistré la plus forte baisse de l’emploi en 2020 parmi les provinces (-10 % par rapport à 2019), et les secteurs qui embauchent de nombreux compagnons masculins, comme celui de l’extraction de pétrole et de gaz et celui de la construction, éprouvaient des difficultés même avant la pandémie en raison de la baisse des prix du pétrole.

Pour lire l’étude complète, cliquez ICI

 

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