Brisons les barrières : Kimberly Corlett de Procore contribue à façonner une industrie inclusive 

6-mai-2024

Elle Bremmer

La Journée internationale de la femme a été célébrée le 8 mars et les discussions sur l’égalité des sexes et l’inclusion ont trouvé un écho dans le monde entier. Dans un pays comme le Canada, connu pour l’importance qu’il accorde à la diversité et à l’innovation, la participation des femmes et des groupes marginalisés ne fait pas qu’améliorer l’industrie, elle en façonne aussi l’importance. Afin d’approfondir ce thème, nous avons interviewé Kimberly Corlett, responsable des partenariats industriels chez Procore Technologies, dont l’histoire remet en question les stéréotypes et souligne l’impact positif de l’inclusion dans nos communautés professionnelles. 

Née aux Philippines, Mme Corlett a grandi à Chicago avant de s’installer à Burlington, en Ontario. Dès son plus jeune âge, elle se dit « inspirée par les arts », particulièrement captivée par les subtilités des bâtiments et leur histoire. Elle raconte qu’en touchant le mur de briques d’un bâtiment, elle imaginait son histoire et la manière dont il avait été construit. C’est à partir de cette expérience que sa passion s’est allumée et qu’elle a commencé à explorer son parcours professionnel dans les domaines de la construction, de l’ingénierie et de l’architecture.   

 « J’ai annoncé à mes parents que j’allais m’orienter vers la technologie de l’architecture. Je me suis inscrite à ce programme et je vais financer mes études ».  

En raison de ses origines philippines et de son éducation, Mme Corlett décrit les pressions que sa famille a exercées sur elle pour qu’elle s’oriente plutôt vers un métier médical. Bien que son choix ait suscité le scepticisme, elle est restée fidèle à son orientation professionnelle, particulièrement inspirée par le travail de son beau-père dans l’industrie technologique. Elle a poursuivi sa carrière dans la construction, multipliant les emplois et subvenant à ses besoins pour financer ses études en technologie architecturale au

Sheridan College. Son amour de l’apprentissage et de la connaissance se révèle être un thème actif de la vie de Mme Corlett. 

« Pour moi, le savoir est plus gratifiant que les notes. Je suis une apprenante à vie. J’aime apprendre. J’ai l’impression que nous n’apprenons pas pour le plaisir, et je pense que c’est quelque chose que nous devrions appliquer, surtout si nous voulons nous lancer dans une nouvelle carrière. »   

Elle savait également qu’il ne serait pas facile de réaliser ses rêves.  

« Je savais que je devais me forcer à poursuivre ce que je voulais vraiment. Je devais travailler. J’ai donc eu trois emplois. Le matin, j’étais boulangère chez Tim Horton. Je travaillais aussi en ville, où je ramassais les déchets, et dans une usine où je mettais des étiquettes sur des vêtements. » 

Comme beaucoup d’autres jeunes, et en particulier les femmes en début de carrière, elle a dû relever le défi de faire ses preuves dans l’industrie après avoir terminé ses études postsecondaires. Malgré son manque d’expérience, elle était déterminée à apprendre et à apporter sa contribution, mais il lui a été difficile de trouver un mentor qui reconnaisse son potentiel.    

Un début dans l’industrie  

Elle a commencé par faire des maquettes d’architecture, fabriquant des présentoirs pour des expositions de logements, puis elle est passée à un cabinet d’ingénierie où elle s’est intéressée aux éoliennes et à leur impact sur les structures. La carrière de Mme Corlett a pris un tournant décisif lorsqu’elle a saisi l’occasion de devenir géomètre en bâtiment, malgré un premier échec lors d’un entretien dans un cabinet d’architecture réputé.    

En riant, elle a raconté l’histoire de l’échec initial qui a fini par déboucher sur une étape positive et marquante de sa carrière.    

« Je me présentais devant quatre personnes — et pour moi, à l’époque, c’était très intimidant, donc je n’ai pas obtenu le rôle. J’ai été déçue. »   

Cependant, elle a trouvé une opportunité inattendue dans une entreprise moins connue, à trois portes de l’entreprise initiale où elle a postulé et a été invitée à un entretien le lendemain. En se présentant de manière authentique, elle a impressionné les responsables par son potentiel, ce qui lui a valu une offre d’emploi en tant que géomètre.   

« Cette entreprise a vu ce que je pouvais apporter, et j’ai pensé que c’était une grande avancée pour moi, car j’avais toujours rêvé d’entrer dans l’industrie, mais je me demandais comment j’allais m’y prendre pour le faire. Où trouverais-je cette opportunité ? Ils m’ont donné cette opportunité et je suis devenue géomètre. J’ai appris leur logiciel (qui est censé prendre six mois) en deux jours ».   

Grâce à son enthousiasme et à sa passion pour l’industrie, elle a rapidement accédé à des postes de direction, notamment en tant que responsable des opérations, ce qui lui a permis d’affiner ses compétences en matière de leadership et de faire avancer sa carrière.  

« Où vais-je ? Je dirais que j’évolue avec l’innovation et la technologie et que je continue à apprendre chaque jour », a répondu Mme Corlett à propos de la trajectoire de sa carrière.   

Progresser dans l’industrie  

Elle est aujourd’hui gestionnaire des partenariats industriels chez Procore, un rôle auquel elle s’adapte encore après avoir récemment intégré une nouvelle équipe. Précédemment gestionnaire du marketing pour le Canada, elle a saisi cette nouvelle opportunité pour s’immerger dans l’industrie et apprendre de ses collègues.    

Corlett souligne aussi l’importance de faire progresser les autres dans le domaine, en particulier les femmes, qui sont encore sous-représentées sur place. Elle participe étroitement à des programmes tels que le Women’s Impact Network (WIN) de Procore, où les femmes de l’industrie peuvent trouver un réseau sûr et stimulant de leurs pairs qui peuvent les encadrer, les soutenir et évoluer avec elles.    

Le WIN est à l’écoute des femmes et les membres se réunissent pour comprendre et combattre les défis auxquels les femmes sont confrontées sur le chantier. Mme Corlett en a donné un exemple.  

« En tant que femme, il est difficile de trouver des équipements de sécurité et des outils adaptés, ce qui a un impact considérable sur ma sécurité, mes tâches et mes activités quotidiennes. »   

Selon elle, en offrant des réseaux de soutien tels que WIN, nous pouvons rendre l’industrie plus attrayante pour un plus grand nombre de personnes qui n’auraient jamais envisagé une carrière dans la construction auparavant.   

« En offrant ces réseaux de soutien, je ne dis pas que nous pouvons résoudre le problème de la pénurie de main-d’œuvre, mais nous pouvons retenir et attirer des travailleurs en montrant que nous sommes capables de créer des espaces sûrs et inclusifs. »  

En souriant, elle poursuit : « C’est une industrie agréable. C’est à la fois un défi et une récompense. »   

Kimberly Corlett (à droite) modère une table ronde lors de l’événement How We Build Now de Procore à Calgary, en compagnie de Reva Bond, doyenne de l’école de construction de l’Institut de technologie du sud de l’Alberta. 

Plaidoyer : l’importance de la défense des droits  

Mme Corlett a révélé certains obstacles qu’elle a dû surmonter dans le cadre de son travail et a souligné l’importance de l’inclusion et de l’acceptation.   

Par exemple, Mme Corlett déclare qu’elle a d’abord dû cacher son identité pendant qu’elle travaillait, et qu’elle ne s’est révélée à ses collègues et à ses amis qu’après avoir quitté le secteur. Les conversations sur place avec les surintendants ou les contremaîtres nécessitaient une navigation prudente, en recourant souvent à un langage non sexiste pour parler de son partenaire. Pour Mme Corlett, cette attitude n’était pas sincère, mais elle était nécessaire pour naviguer sur le lieu de travail. Aujourd’hui, elle plaide en faveur de l’acceptation et de l’inclusion, reconnaissant les difficultés rencontrées par d’autres, y compris par son partenaire qui travaille dans l’industrie électrique et qui a lui aussi connu ces difficultés de première main.   

Mme Corlett a raconté l’histoire de sa partenaire qui était assise à la table d’un déjeuner avec son équipe lorsqu’un nouveau membre de l’équipe a contesté sa présence, insinuant qu’elle n’avait pas sa place sur le chantier parce qu’elle était une femme. C’est là que Corlett estime que la défense des intérêts est extrêmement importante.   

« Seule l’autre femme de l’équipe l’a défendue. Aucun des hommes ne l’a défendue à ce moment-là. Nous avons besoin d’hommes dans l’industrie qui peuvent défendre les femmes ».   

Elle ajoute que son poste de direction lui permet de défendre les intérêts de son équipe et de s’assurer que leurs besoins sont satisfaits.   

« En tant que directrice des opérations, je donne la priorité au bien-être de mon équipe, en mettant en œuvre les changements nécessaires pour assurer un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Qu’il s’agisse d’ajuster les horaires ou de reconnaître les étapes personnelles, il est crucial de prendre en compte l’aspect humain dans la gestion. En fin de compte, la défense de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et de la sécurité contribue à un environnement de travail plus sain et plus productif ».   

Les récompenses des défis  

Au-delà de la défense des intérêts des collègues de l’industrie, Mme Corlett souligne qu’il est tout aussi important de se défendre soi-même et d’apprendre à dire « non » pour donner la priorité à la santé, à la sécurité et au bien-être.   

« Dire non n’est pas négatif ; c’est en fait bon pour votre bien-être, en particulier lorsqu’il s’agit de santé mentale et de bien-être. Il est essentiel de connaître ses limites et de se défendre. Apprendre à dire non est une chose que j’ai également apprise lors de l’une de nos sessions WIN. Dire non n’est pas négatif ; c’est puissant et positif parce que cela vous aide à établir des priorités et à mieux vous comprendre. Il est essentiel de défendre ses intérêts, en particulier pour maintenir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Vous devez continuer à défendre vos intérêts, qu’il s’agisse d’accorder la priorité à la sécurité, de défendre l’équité salariale ou de lutter contre la discrimination. » 

En réfléchissant à son parcours professionnel, Mme Corlett estime que les défis ont été difficiles à relever, mais qu’ils en valaient la peine : « Je peux dire aujourd’hui que les défis auxquels j’ai été confrontée ont été une récompense, mais qu’ils ont été difficiles à relever, surtout au début. » 

Malgré ces obstacles et ces attentes, Mme Corlett a travaillé dur pour arriver là où elle est aujourd’hui. En ce qui concerne l’avenir de l’industrie, elle souligne l’importance de restructurer les avantages sociaux pour répondre à des besoins divers, notamment en tenant compte de la communauté LGBTQ+ et en offrant des options de planification familiale telles que la FIV. En outre, elle plaide en faveur d’un plus grand nombre de programmes de formation, de parrainages et de mentorats afin de favoriser l’inclusion et d’attirer les talents dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.   

En réfléchissant au trajet et aux contributions de Mme Corlett, son dernier conseil aux professionnels aspirants est simplement : « Visez ce que vous voulez, et vous construirez une vie que vous aimerez ». Le travail et l’apprentissage continus de Mme Corlett, associés à son engagement à défendre ses intérêts et ceux des autres, représentent l’esprit du progrès et de la responsabilisation au sein de l’industrie. En rendant hommage aux réalisations de femmes remarquables comme Kimberly Corlett, nous ne célébrons pas seulement leurs succès individuels, mais nous reconnaissons également les avancées collectives vers une industrie plus diversifiée, plus équitable et plus inclusive de la construction. 

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