Un coup d’œil sur les investissements d’ABB dans ses installations du Québec avec le vice-président et directeur général, Alain Quintal
Par Elle Bremmer
13-janvier-2023
Le monde de l’électricité en ligne a eu le plaisir de rencontrer Alain Quintal, vice-président et directeur général de la division des produits d’installation d’ABB Canada pour discuter des récents plans d’expansion d’ABB à l’usine d’Iberville Saint-Jean-sur-Richelieu au Québec. L’expansion coûtera environ 18 millions de dollars canadiens et devrait être terminée d’ici-là mi-2024, selon M. Quintal. Il aborde les objectifs de durabilité de l’expansion, l’aspect de l’installation et la façon dont l’expansion appuiera les employés d’ABB et les clients locaux. Il s’agit du second investissement réalisé ces derniers mois à un emplacement canadien, l’autre étant un plan d’expansion de 16 millions de dollars canadiens à l’usine de PointeClaire, également au Québec. Nous avons demandé à M. Quintal de nous faire part de son point de vue et de ses opinions sur ce récent investissement :
- Quel est l’objectif d’ABB avec ce nouvel investissement?
« Nous constatons une croissance de la demande pour nos produits. Partout où il y a de la puissance et de l’énergie, vous trouverez nos produits, particulièrement en ce moment en raison des grands projets d’infrastructure en cours et de la forte activité dans l’espace des centres de données au Canada. Les chemins de câbles sont donc un produit en demande, d’où la nécessité d’investir dans l’augmentation de notre capacité de production pour ce produit spécifique. »
- Outre les chemins de câbles, quelles autres tendances ou produits industriels ont influencé la décision d’aller de l’avant avec cet investissement?
« Je dirais qu’il s’agit principalement des chemins de câbles, pour soutenir notre marché et le desservir depuis notre installation d’Iberville. Cet investissement nous a également permis de [créer] un environnement moderne pour notre équipe de R. et D. (recherche et développement) afin de [soutenir] le développement de produits. Nous avons estimé qu’il était temps d’avoir un espace dédié à la R. et D., où nos ingénieurs disposeront d’un environnement agréable et d’un laboratoire moderne pour soutenir leurs efforts de développement, notamment pour effectuer des essais mécaniques et électriques sur les nouveaux produits. »
- Quelles nouvelles technologies seront mises en place, et à quoi ressemblera le centre de R. et D.?
« Il est un peu tôt pour le dire, car nous sommes encore aux premières phases du projet, mais lorsque nous arriverons à ce stade, nous impliquerons notre équipe pour obtenir son avis. Je crois que nous opterons pour un espace de travail moderne, créatif et ouvert, qui facilite la collaboration [dans l’installation]. »
- Combien de temps pensez-vous que ce processus d’expansion prendra au total?
« Nous en sommes au stade de la planification, et tout est malheureusement retardé en raison de la COVID, et des retards de construction. Nous espérons commencer au troisième trimestre de l’année prochaine, d’amorcer le creusage et de terminer à la mi-2024. »
- Pourquoi cet investissement dans les installations canadiennes, plus précisément au Québec, et pourquoi maintenant?
« Nous existons depuis plus de 100 ans et nous disposons de deux installations au Canada qui prennent en charge les processus liés aux chemins de câbles. Il s’agit de notre centre de conception de produits de R. et D. pour les chemins de câbles, ainsi que d’une usine satellitaire, également située à Edmonton, qui a été mise en place pendant le boom pétrolier et gazier. Or, nous utilisons très bien cette usine [d’Iberville], et il est temps de l’agrandir. Si nous continuons à augmenter nos ventes aux États-Unis, nous pourrions utiliser l’usine d’Edmonton pour la production destinée à la côte ouest des États-Unis. Pour l’instant, il n’y a aucun projet d’expansion à Edmonton. »
- Dans quelle mesure ces deux installations sont-elles reliées?
« [L’usine d’Edmonton est] un satellite, mais les mêmes produits sont fabriqués aux deux emplacements. En raison du volume, des composants spécifiques sont produits à Iberville et expédiés à Edmonton. Nous équilibrons également la charge lorsque Iberville est plus occupée et que le carnet de commandes augmente Les commandes sont transférées à [Edmonton] et conservées là pour que nous puissions servir nos clients dans l’ensemble du Canada en temps voulu. Le fait que nous soyons locaux et que nous ayons six usines au Canada est plus important que jamais, à la suite de la pandémie. Nos clients nous disent que, même si notre capacité de production a été mise à l’épreuve pendant la COVID, nous avons été en mesure de bien desservir le marché pendant cette période difficile, par rapport à certains de ceux qui importaient des produits d’autres régions. »
- Alors, cette expansion va-t-elle aider les clients locaux?
« Absolument, et je pense qu’ABB s’est fermement engagé à servir les clients locaux avec l’expansion des installations de fabrication et que nous continuerons à investir. C’est un engagement très fort de notre part. »
- C’est un point intéressant d’avoir plus de fabrication ici au Canada, car pendant la pandémie, comme nous avions plus d’importations d’autres pays, il y avait plus de problèmes avec les contrefaçons et la certification des produits ici au Canada. Cette expansion permettra d’atténuer ce problème, ce qui est une excellente nouvelle pour vos clients.
« Je suis d’accord. C’est également la rétroaction que nous obtenons d’eux. »
- Ensuite, à un niveau local, l’usine emploie environ 300 personnes. Cette expansion et ce nouvel investissement augmenteront-ils l’emploi dans cette région? Combien d’emplois pensez-vous pouvoir créer?
« L’une des composantes du projet est l’automatisation, qui nous permettra de sauver certains emplois. Dans l’ensemble, nous prévoyons créer environ 20 emplois grâce à l’expansion. Nous mettons en place une cellule d’automatisation pour assembler et souder des sections droites de chemins de câbles, en utilisant les technologies robotiques d’ABB. C’est une grande partie de l’investissement qui se fait ici, et c’est pourquoi nous devons agrandir le bâtiment, car cela nécessite de l’espace, et nous prévoyons augmenter la production de chemins de câbles d’environ 50 % dans le nouvel espace. »
- Quelle sera la taille du bâtiment lui-même?
« L’expansion est de 32 500 pieds carrés pour le bâtiment. L’espace de production total sera de 100 000 pieds carrés, ce qui représente une augmentation d’environ 30 %. C’est un excellent investissement, et je dois dire que nos employés en étaient plutôt heureux. »
- Quels défis actuels cette nouvelle technologie permettra-t-elle de relever?
« La conception est presque terminée. Nous utiliserons des robots ABB qui manipuleront tous les composants nécessaires à la production de chemins de câbles, effectueront la soudure et travailleront en parallèle. Ainsi, un opérateur par équipe sera en mesure de gérer cette cellule. Cela nous permettra d’augmenter la production de 50 %. La conception est donc terminée, et nous avons choisi comme partenaire une entreprise locale d’automatisation basée au Québec. Il est essentiel d’avoir des personnes locales pour nous soutenir, car nous devons transmettre notre connaissance des produits, en travaillant avec ces personnes spécialisées en automatisation. »
- Si ces investissements s’inscrivent dans une stratégie quinquennale, quelle est la prochaine étape pour ABB à long terme?
« En fait, nous ne sommes pas différents des autres entreprises. Nous constatons qu’il est difficile de trouver de la main-d’œuvre, bien que nous ayons réussi à conserver nos effectifs et à embaucher localement. Or, nous observons des départs à la retraite, et il n’y a pas beaucoup de nouvelles personnes qui arrivent sur le marché. C’est pourquoi l’automatisation sera au cœur de nos investissements futurs. Nous avons également commencé à investir dans les technologies 4.0 en termes d’accès aux données en ligne et en temps réel pour la production des machines, ainsi que pour la surveillance des processus. Nous avons commencé à déployer certaines de ces technologies il y a deux ans et nous allons continuer ainsi. »
- Comment cela s’articule-t-il avec les tendances industrielles que vous observez actuellement et que vous prévoyez pour l’avenir?
« Je crois que nous sommes sur la bonne voie. L’automatisation est là pour rester. Nous constatons que le coût des robots et de l’automatisation diminue. Ce sera donc une tendance. Le terme 4.0 est souvent perçu comme un mot à la mode, mais derrière lui se cachent l’efficacité et le rendement. L’automatisation permet de réduire les coûts, et d’être plus efficace grâce aux nouveaux processus et aux nouvelles technologies. »
- Enfin, grâce à ces investissements et à cette expansion, beaucoup d’entreprises parlent de rendre leurs processus plus verts, comme vous l’avez dit, en réduisant les déchets, à la fois dans la fabrication et pour le client également. Comment cela est-il mis en œuvre dans le nouveau plan?
« Grâce à cette expansion, nous allons de l’avant avec certaines [initiatives] liées à la durabilité. Par exemple, nous remplaçons, dans presque toutes nos usines, le chauffage au gaz par l’électricité. Nous installons un mur Trombe pour préchauffer l’air d’admission. Nous avons opté pour un système électrique central pour chauffer notre usine, ce qui représente un important investissement de notre part. Nous bénéficions d’un excellent soutien du gouvernement pour réaliser ce projet ici au Québec. En fait, nous conserverons seulement quelques unités en façade lorsqu’il fera froid en hiver, mais tout le reste fonctionnera à l’électricité. Comme vous le savez, nous avons la chance au Québec d’avoir de l’hydroélectricité. »
« De plus, nous aurons un moyen d’acclimater partiellement notre usine, afin de pouvoir utiliser le même système pendant les périodes plus chaudes de l’été. Cela permettra d’abaisser le niveau de température dans notre usine. C’est le principal effort que nous déployons actuellement pour contribuer à la décarbonisation de notre environnement et nous espérons en faire plus à l’avenir, mais c’est vraiment l’élément le plus important lorsque nous examinons notre empreinte. La durabilité est l’un des principaux piliers de la stratégie de durabilité d’ABB, et de nombreuses initiatives de durabilité sont en cours au sein de l’entreprise. »
Pour en savoir plus sur l’investissement d’ABB dans l’usine d’Iberville, cliquez ICI