Le projet de ligne à 120 kV du Grand-Brûlé-dérivation-St-Sauveur crée la controverse
18 février 2016
Le tracé d’Hydro-Québec toucherait 7 municipalités des Laurentides. La ligne prévue traverserait la municipalité sur environ 13 km, en passant sur des versants exposés de sommets dominants, dont le plus haut sommet de la municipalité, surplombant plusieurs lacs, dont le lac Saint-Joseph, face au noyau villageois, en plus d’être visible à partir de sa station de ski et de ses routes panoramiques uniques.
La mairesse de Saint-Adolphe-d’Howard, Lisette Lapointe, le préfet adjoint de la MRC des Pays-d’en-Haut, André Genest et le comédien Claude Meunier unissent leur voix pour lancer une nouvelle opération d’information et de sensibilisation, en collaboration avec le comité de citoyens (comité aviseur). En effet, ils tiennent à rappeler à Hydro-Québec que le projet de ligne à haute tension Grand-Brûlé dérivation St-Sauveur tel que présenté par Hydro-Québec n’obtient absolument pas l’acceptabilité sociale nécessaire dans la région.
Après trois ans de contestation, le dossier vient de franchir une nouvelle étape importante alors qu’Hydro-Québec a déposé le projet à la Régie de l’énergie qui a alors annoncé qu’il n’y aurait pas d’interventions ni d’audience dans ce dossier. La municipalité et la MRC des Pays-d’en-Haut ont alors immédiatement réagi en demandant d’être entendues. Une demande d’intervention a été déposée à cet effet.
La partie qui est contre le projet affirme que la solution privilégiée est le scénario utilisant les corridors existants, qui aurait été déposée comme solution alternative par Hydro-Québec à la Régie de l’énergie. Depuis le début, Saint-Adolphe-d’Howard aurait mandaté plusieurs experts indépendants afin de proposer à Hydro-Québec des solutions de moindre impact pour la région. Ces scénarios seraient tous techniquement et économiquement réalisables et ils favoriseraient l’utilisation des emprises existantes.
« Le scénario dans les emprises existantes nécessite un enfouissement sur 500m afin d’éviter des déplacements de bâtiments », explique Sarah Perreault du comité aviseur.
«Hydro participe à un projet au New Hampshire où la ligne sera enfouie sur 100 kilomètres à travers les montages Blanches. Pourquoi pas ici ? On ne pourra pas continuer indéfiniment à détruire nos paysages avec des lignes à haute tension. Il y a des choix de société à faire. C’est peut-être le temps d’en faire un, avec le projet du Grand-Brûlé» déclare Claude Meunier.
Les citoyens ont récemment obtenu l’étude paysagère réalisée par Hydro-Québec et mise à jour en janvier 2016. Celle-ci en viendrait à la conclusion que les impacts du projet sur les paysages seraient majeurs pour Saint-Adolphe en plus de reconnaître que « le paysage est une ressource essentielle au développement économique de la région ».
La saga entourant ce projet fait l’objet d’un documentaire réalisé bénévolement par Georges Jardon, résident de Saint-Adolphe-d’Howard.
Hydro-Québec, pour sa part, a tenu à rectifier des informations véhiculées au sujet de ce tracé. La dernière proposition a été étudiée en novembre dernier: la ligne serait repoussée à l’extérieur du territoire de Saint-Adolphe-d’Howard et comporterait des impacts importants dans la MRC des Laurentides.
Hydro-Québec se dit déçue du documentaire rendu public. Selon elle, cette production omet de mentionner les nombreux efforts réalisés par l’entreprise pour travailler avec le milieu, ne serait-ce que les 95 rencontres réalisées. Hydro-Québec dénonce vivement que des extraits de ces rencontres soient sélectionnés et sortis de leur contexte.
Hydro-Québec affirme que l’option proposée par Saint-Adolphe-d’Howard traverserait et longerait des quartiers résidentiels plus densément peuplés à Mont-Tremblant et à Saint-Faustin-Lac-Carré, des secteurs qui sont déjà traversés par 3 lignes de transport d’électricité.
Selon Hydro-Québec, le tracé proposé par Saint-Adolphe-d’Howard :
• Nécessiterait la construction d’installations imposantes (quatre postes de liaisons aérosouterraines) et des pylônes à même des quartiers résidentiels, à Mont-Tremblant et à Saint-Faustin-Lac-Carré ;
• Serait une solution temporaire aux besoins de la région et conduirait à la construction d’infrastructures coûteuses dans un horizon de 20 ans ;
• Représenterait un coût supplémentaire de 10M$ qui serait assumé par l’ensemble de la clientèle d’Hydro-Québec ;
• Traverserait à deux reprises la route 117 et à quatre reprises la piste cyclable du P’tit train du Nord, ce qui nécessiterait son déboisement partiel à Mont-Tremblant.
Hydro-Québec mentionne avoir déployé des efforts pour élaborer le tracé de moindre impact au cours des trois dernières années. Les spécialistes d’Hydro-Québec auraient travaillé en étroite collaboration avec les intervenants de la région, dont ceux de Saint-Adolphe. Selon Hydro-Québec, les nombreux échanges ont permis d’améliorer le projet : les pylônes retenus sont plus compacts, moins hauts, et l’emprise de la ligne sera moins large. Au final, le tracé retenu fait l’objet d’un consensus dans cinq des six municipalités touchées.
La mise en service de la ligne a déjà été retardée de deux ans pour prolonger le dialogue avec le milieu. Comme le réseau de transport d’électricité des Laurentides est sollicité à son maximum, le projet doit maintenant aller de l’avant au bénéfice de la clientèle des Laurentides.
Hydro-Québec a mis fin à l’étude des différents scénarios qui sont proposés de mois en mois par Saint-Adolphe-d’Howard et a déposé, le 19 janvier dernier, le tracé retenu à la Régie de l’énergie pour autorisation.
Pour en savoir plus sur le projet : www.hydroquebec.com/projets/grand-brule-saint-sauveur.html.
Pour visionner le documentaire, rendez-vous au www.projethydro.com.