Cara Backman – Ouverte à tout, même aux surprises
Originellement publié le 1er mars 2016
Nous parlons toujours de la relève dans l’industrie électrique, de son urgence et de la difficulté à assurer une relève de qualité. Ce mois-ci nous vous présentons une jeune femme qui donne une autre dimension à la relève. Elle est tombée dans la sauce Franklin Empire à la naissance, mais elle aurait pu choisir une autre carrière. Pourquoi a-t-elle choisi notre industrie? Comment la voit-elle? Ses défis, son engagement. Voici Cara Backman, directrice du Marketing chez Franklin Empire.
Cara Backman appartient à la 4e génération de la famille à travailler au sein de l’entreprise. Pendant ses études elle travaillait l’été au siège social du distributeur, mais quand elle a obtenu son diplôme en Commerce – Administration des affaires à l’Université McGill en 2003, elle a décidé d’aller travailler dans une firme qui organise des événements scientifiques pour les jeunes. En trois ans elle deviendra directrice de la filiale montréalaise de l’entreprise. Forte de cette expérience, elle se sent mûre pour un changement et d’autres défis. Elle va en relever tout un quelques mois plus tard. En effet, au moment où le directeur marketing de l’entreprise quitte le siège social pour aller superviser les opérations à Québec, elle intègre l’entreprise familiale. Elle débutera sa carrière chez Franklin Empire en visitant toutes les succursales, rencontre les gens qui y travaillent, s’arrête pour comprendre leurs opérations et les différences locales et visite des clients. Elle ne soupçonnait pas que l’entreprise qu’elle venait de joindre était aussi importante. « Jeune, je savais que mon père et mon grand-père vendaient des produits électriques et d’éclairage, mais pas plus. Mon frère, ma sœur et moi n’avons jamais senti de pression pour nous joindre à l’entreprise (ils y sont tous les trois). Nous ne connaissions pas les clients, les relations d’affaires. En fait, nous n’avions aucune idée réelle de l’ampleur de l’entreprise familiale, seulement que notre père et notre oncle travaillaient beaucoup et qu’ils avaient une compagnie qui remportait beaucoup de succès. »
Trouvez-vous difficile d’évoluer dans une industrie majoritairement masculine et d’être constamment associée à la famille?
« Ce serait bien qu’il y ait plus de femmes dans notre industrie, mais on voit que le mouvement est bien amorcé. Aux États-Unis on en rencontre plus, mais en général nous sommes bien accueillies et je ne me suis jamais sentie mal à l’aise. Quand je suis arrivée dans l’industrie, je ne connaissais personne. Aussi étonnant que cela puisse paraître, on ne mélangeait pas travail et famille à la maison. Mais aujourd’hui je suis fière de voir que les gens connaissent mon père et mon grand-père. »
Ressentez-vous le choc des valeurs ou celui des générations?
« Ça existe, c’est vrai. Je ne sais pas si ce sont mes valeurs qui sont différentes de celles de mon père et grand-père, ou celles de toute ma génération, mais les différences sont grandes. J’ai été étonnée de rencontrer des employés qui travaillaient dans l’entreprise depuis plus de 25 ou 30 ans. Les gens de ma génération ont beaucoup plus de mobilité professionnelle. Il existe même des clients qui n’ont pas d’adresse de courriel!
J’essaie de toujours rester informée sur les nouvelles techniques de marketing, les médias sociaux, les nouvelles façons de créer des relations avec nos clients et employés. J’aime expérimenter différentes techniques et technologies. Je ne sais jamais si ces nouvelles méthodes vont fonctionner parce que je rencontre beaucoup de résistance au changement dans notre industrie. Mais ça fonctionne et nous faisons maintenant les choses différemment. Quand l’avant-garde voit que ça fonctionne, même si les choses sont faites différemment, le feedback est toujours positif. C’est certain que je dois faire mes preuves, mais c’est une relation à deux sens.
Je suis curieuse de voir ce qui va arriver avec le commerce en ligne. Je ne suis pas convaincue que pour le moment le commerce en ligne représente une valeur ajoutée, mais je suis certaine que ne pas l’offrir est un handicap. Par contre, je trouve que nous manquons de données, surtout en français. On a besoin d’énormément de support de la part des fabricants pour améliorer l’expérience en ligne. Dans notre domaine de l’industrie, les relations personnelles sont certes importantes, mais les gens n’ont plus autant de temps à y consacrer. Les consommateurs vont rechercher la même expérience en affaires que celle qu’ils ont dans leur vie personnelle. Les frontières ne sont pas toujours claires. »
Une chose à changer dans notre industrie?
« J’aimerais changer la perception que les gens ont de notre industrie. J’aimerais que nous trouvions les moyens d’attirer plus de jeunes. Les gens ne connaissent pas notre industrie. Quand j’étais à l’université, les autres étudiants ignoraient tout de notre industrie, ce qui aurait été mon cas si ça n’avait pas été dans ma famille. » Elle siège également au conseil d’administration de l’ÉFC, au comité marketing d’AD et se dit heureuse d’avoir dès le début de sa carrière commencé à participer à des conférences et événements de l’industrie. « C’était probablement la meilleure chose à faire, j’y ai ainsi développé des réseaux, appris sur les meilleures pratiques et connu beaucoup de gens. »
« Les nouveaux produits et nouvelles solutions représentent des défis passionnants et des technologies intéressantes, c’est peut-être ainsi que nous allons attirer des jeunes. L’éclairage par exemple est devenu une technologie grand public, c’est peut-être cette technologie qui va nous permettre de faire une percée chez les jeunes. »
« Je ne sais pas à quoi ressemblera l’avenir, mais nous devrons approcher le marché d’une manière différente. Avec les nouvelles technologies, nous vendrons de plus en plus des solutions et tant les nouvelles technologies dans notre industrie que les techniques marketings et financières qu’elles sous-tendent sont susceptibles d’attirer les jeunes qui ont une expertise dans ce domaine. »
Et l’avenir?
Deux garçons sont nés depuis l’arrivée de Cara Backman au sein de l’entreprise, un troisième naîtra en mai et la conciliation travail – famille se fait maintenant sur deux générations. Alors que faire quand vos valeurs placent la famille au cœur de votre vie et que vous travaillez avec les autres membres de votre famille dans une entreprise familiale? Et bien, comme ces employés de Franklin Empire dont la longévité au sein de l’entreprise l’étonnait au début Cara répond: « J’espère y rester au moins 50 ans, ce n’est pas une job ici, c’est ma vie! »
*La fusion de Franklin Playford (1946) et d’Empire Electric (1942) en 1992 a créé Franklin Empire Inc. La compagnie a depuis développé plus de 20 succursales au Québec et en Ontario et 5 divisions de montage et de réparations. Franklin Empire emploie plus de 500 personnes et possède un investissement en stock qui excède 30 millions $. Franklin Empire est également le distributeur électrique indépendant le plus grand au Canada.
Line Goyette est directrice de la rédaction pour le Groupe électrique aux Publications Kerrwil