Anaïe Dufresne ou une touche-à-tout passionnée

Originellement publié le 6 juillet 2016 

Laurence Rocher-Brassard

Anaïe Dufresne, 30 ans, est cofondatrice de Jacques & Anna, une jeune entreprise de création de luminaires sur mesure. Elle a fondé cette entreprise avec son père il y a deux ans. Ce projet est riche de sa passion pour la lumière, d’un baccalauréat en scénographie, avec spécialisation en vidéo et éclairage, et de la passion partagée avec son père de construire en général.

Comment le projet de Jacques & Anna a-t-il vu le jour ? Il y a quelques années, elle a été approchée par un ami pour gérer un restaurant ouvrant ses portes à Montréal et elle a embarqué dans l’aventure. Peu après l’ouverture, des clients se sont plaints de l’éclairage de l’endroit, qu’ils

Crédit photo: Fannie Laurence

considéraient comme trop froid. Anna a proposé de refaire l’éclairage et de mettre un peu de chaleur. Son père l’a aidée à mettre en œuvre ses idées. C’est à partir de ce moment que l’idée de Jacques & Anna a germé dans l’esprit d’Anaïe. 

Il faut dire qu’Anaïe et son père ont toujours eu la fibre créatrice et le désir de construire. Du plus loin qu’elle se souvienne, ils passaient du temps ensemble à construire et à concevoir des choses. Ils ont d’ailleurs bâti le chalet familial ensemble, plusieurs années auparavant, dont les lampes. 

Après discussions, ils décident de tenter le coup et fondent Jacques & Anna. Son père, ingénieur de formation, transpose depuis lors son expertise dans la réalisation des lampes. Anaïe, quant à elle, dessine et crée les modèles.

Ensuite, tout a déboulé et mené à l’histoire que l’on connait. Ils ont eu leur premier gros contrat via un contact : le Café 8 oz. à Montréal, qui a fait l’objet d’excellents commentaires médiatiques. Peu à peu, Jacques & Anna a travaillé sur d’autres projets, dont des restaurants (Cirkus, Le Colonel Moutarde et Candide).

Les débuts

Au début de l’entreprise, ils travaillaient dans le petit appartement d’Anaïe, En riant, elle dit : « J’avais mes scies à côté de mon lit. Mon père venait chez nous, dans mon 3 et demi, et on a créait les luminaires. On a fait les lampes de nos premiers contrats de cette façon. C’était un vrai tour de force ». 

Ils sont maintenant installés dans un studio, qu’ils partagent avec d’autres créateurs et entrepreneurs. 

Son esprit artistique

Elle aime utiliser plusieurs types de matériaux : « Le verre qui est plus massif, plus ancien ; le laiton, c’est très beau et noble, et quand il vieillit, il a une deuxième vie ».  Elle utilise aussi du bois et de l’acier. Au moment de l’entrevue, elle travaillait sur une série en ciment. 

Elle fait sous-traiter la plupart des choses par des entreprises locales, et le plus possible par des petites entreprises. « Le produit final est riche en collaboration ». 

Qu’est-ce qui inspire ses œuvres ? Anaïe se décrit comme une personne curieuse de choses diverses, elle est gourmande et aime consommer de toutes les formes d’arts : livres, films, expositions, peinture, etc. Étant très créative et curieuse, elle a énormément d’intérêts et dit elle-même qu’elle aurait pu travailler dans beaucoup de domaines. « Mais s’il y a un objet que j’aime dans la vie, ce sont les lampes ». 

Comment est-ce de travailler avec son père ? 

Elle décrit le travail auprès de son père clairement et simplement : « C’est le bonheur ! » Il aimerait être à la retraite pour pouvoir être au studio et travailler davantage pour Jacques & Anna. « On est vraiment des gamins ensemble ; « on tripe ». Dernièrement, on est allé installer les luminaires chez des clients et mon père était tellement content de pouvoir voir le visage des clients en réponse au résultat final ». 

Son père l’inspire dans sa façon de travailler : par ses valeurs, sa discipline et sa rigueur.

« Je nous considère chanceux d’être où on est. En même temps, moi et mon père on fait bien les choses, on a de bonnes valeurs, on est du bon monde, et je crois que cela attire les gens ». 

Les défis de Jacques & Anna

Sans hésiter, elle mentionne les petits budgets des potentiels clients, particulièrement des restaurants de Montréal. Ils veulent créer quelque chose de beau, mais n’ont pas l’argent à la hauteur de leurs désirs. 

Un autre défi selon Anaïe est que « Montréal est un milieu où tout le monde est créatif. Conséquemment, il n’y a pas un gros bassin de consommateurs, on est tous des « faiseurs ». Selon mon expérience et ce que je vois autour de moi, Montréal peut être un milieu plutôt aride pour les jeunes entrepreneurs ».  

Son évolution personnelle

Au cours des dernières années, elle a appris à écouter davantage les clients. « Quand j’ai commencé dans le domaine, j’étais nerveuse, en raison de mon manque d’expérience. J’ai réalisé que je parlais plus que j’écoutais les désirs des clients. Maintenant, je vois l’importance de poser énormément de questions pour mettre en œuvre le plus beau luminaire pour le client ».

Elle dit aussi avoir appris à être plus patiente. « Avant je pensais qu’en donnant une soumission, le contrat commençait. Maintenant, je connais la valse des soumissions et j’ai appris à être moins nerveuse, plus zen ». 

Conseils pour de jeunes entrepreneurs

Pour ceux qui voudraient lancer une entreprise, elle conseille de ne pas se décourager. Selon elle, une entreprise devient viable seulement au bout d’environ trois ans. Il faut aller jusqu’au bout de ses trois années. La première année est la plus essoufflante ; on se donne corps et âme. Certains se découragent en début de parcours, alors qu’il faut être persévérant. 

Elle considère également qu’un bon entrepreneur est quelqu’un de créatif, de visionnaire et qui va vers les autres. « Pour moi, ce sont des qualités essentielles pour être entrepreneur. Si on reste devant nos ordinateurs, il ne va rien se passer. Il faut sortir, discuter et échanger avec les gens, faire de la publicité ». 

Être entrepreneur, c’est épuisant. Elle est très occupée et travaille énormément. Elle se dit fatiguée certes, mais heureuse. Elle aime travailler seule, dessiner, donner libre cours à son inspiration. Faire les choses à sa manière. Ce mode de vie n’a pas de prix. 

Anaïe est décidément une fille de projets et d’idées. Avec son énergie et sa curiosité insatiable, nul doute qu’elle ira loin et pourra vivre de ses passions. 

Jacques & Anna est une jeune entreprise père-fille basée à Montréal se spécialisant dans la création de luminaires sur mesure pour les secteurs résidentiel et commercial. Vous pouvez visiter leur site internet au www.jacquesetanna.com/.


Laurence Rocher-Brassard est rédactrice en chef de Le monde de l’électricité en ligne; laurencerb@kerrwil.com

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