Patrice Jomphe – personnalité de l’année de l’ÉFC

Patrice Jomphe

Par Line Goyette

J’ai rencontré Patrice Jomphe à une réception de l’Électro-Fédération Canada à Montréal en décembre dernier. Bien sûr son regard perçant, sa vivacité, les gens qui gravitaient autour de lui, sa photo sur grand écran étaient tous des signaux qu’il s’agissait d’une personne à rencontrer. Mais ce qui a retenu mon attention, c’est son patronyme, Jomphe. Je suis allée vers lui pour lui demander s’il venait de la Basse-Côte-Nord ou de l’autre côté du fleuve St-Laurent, et nous voilà dans des histoires de famille.

Personnalité de l’année de l’ÉFC, récipiendaire du Prix Tom Torokvei en 2011 en reconnaissance de son leadership, retraité depuis janvier 2013 après 37 ans chez Thomas & Betts, originaire de Havre-aux-Maisons aux Îles de la Madeleine, sportif qui pratique le vélo et le golf, voici Patrice Jomphe.

Comment avez-vous fait votre entrée dans l’industrie électrique?
Fraîchement diplômé de la Faculté de commerce de l’Université de Moncton, Patrice Jomphe répond à une annonce dans le journal Le Soleil de Québec et entre comme représentant aux ventes chez Thomas & Betts. Il ne connaît alors ni l’industrie électrique, ni la compagnie où il terminera sa carrière 37 ans plus tard à titre de vice-président de la Division commerciale. Il se renseigne autour de lui, n’entend dire que du bien de l’entreprise. Il y fera son nid. Il deviendra successivement spécialiste des spécifications pour ingénieurs-conseils, gestionnaire de produits, directeur marketing, directeur régional et à la suite d’importantes acquisitions, il deviendra vice-président de la Division commerciale et responsable des ventes au détail. En 1997, il se joindra au bureau situé en Ontario et jusqu’à la retraite il effectuera, dit-il, environ 120 déplacements annuels entre la maison-mère et le bureau en Ontario.

Avez-vous poursuivi votre formation pendant votre carrière?
Oui, bien sûr que je n’ai jamais cessé de suivre des cours, d’apprendre, mais l’important a toujours été et sera toujours le côté humain. Les formations techniques, on peut toujours les parfaire dit-il, mais nous sommes dans une industrie humaine avant tout et si nous n’avons pas au départ les habilités nécessaires pour y progresser, on ne peut pas les acquérir par des formations.

Quels ont été les grands défis de votre carrière?
Au cours de ma carrière, la compagnie a procédé à cinq acquisitions, dont deux majeures, précise Patrice Jomphe. Son travail consistait alors à gérer les acquisitions afin de protéger l’entreprise et les gens qui y travaillaient. « Le but était de développer le marché partout au Canada pour y devenir le numéro 1. Le plus difficile lors de ces acquisitions et de leur intégration était la gestion des ressources humaines. Avec des acquisitions, beaucoup de postes étaient des doublons, on ne pouvait avoir deux comptables sur le même poste ». C’était hors de tout doute l’aspect le plus difficile de ces acquisitions même si l’entreprise a toujours géré les mutations de personnel de la façon la plus juste possible de l’avis de Patrice Jomphe. « La suppression de postes est la seule chose qui au long de ma carrière a amputé mes heures de sommeil. Les décisions d’affaires ou commerciales, ce sont des chiffres, on peut toujours gérer ça, ce sont des défis qu’on peut relever. Mais l’aspect humain, ce sont des histoires de vie, c’est différent ».

Qu’avez-vous appris au sujet de l’industrie au cours de votre carrière?
« L’industrie électrique est une industrie qui ne change pas rapidement. C’est une industrie conservatrice au niveau des modèles d’affaires ». Il donne l’exemple de l’embauche des femmes dans le secteur des ventes qui a tardé à se concrétiser. Il précise que dans l’industrie, il y a peu de changement au niveau des gens et que c’est une arme à deux tranchants. « D’une part, tu connais les gens et c’est bien, mais d’autre part, les changements tardent à se manifester. C’est un peu le talon d’Achille de l’industrie, les changements sont longs à arriver, les nouvelles manières de faire sont difficiles à intégrer ». 

Il souligne, mais sans porter de jugement, que contrairement aux États-Unis où le marché de la distribution électrique est composé de milliers de joueurs, ici au Canada, le marché est plus centralisé. Il est donc plus difficile pour un nouveau joueur d’y faire sa place, mais que par contre on n’est pas obligé de plaire à un grand nombre de personnes. Selon Patrice Jomphe c’est plus facile pour un petit joueur de faire sa place dans un marché plus fragmenté.

Quel est l’avenir qui s’ouvre devant l’industrie électrique?
Selon lui, dans les années à venir l’industrie devra de concentrer sur le secteur commercial. Il n’a toutefois aucun doute que l’avenir est dans le secteur de l’industrie pétrolière. « Le secteur industriel canadien s’est développé sur l’industrie des matières premières, comme les pâtes et papiers et les mines. Pour le moment, nous sommes un marché de services, avec prédominance du secteur commercial, mais l’année qui commence sera une année charnière. Le secteur commercial va continuer de croître, mais le momentum industriel devrait refaire surface sous peu ». 

Quel est l’avenir pour lui?
La retraite? Grand sportif, il roulera en vélo, se promènera sur les verts. Il précise qu’étant donné que l’industrie électrique conserve bien son monde, il gardera facilement le contact.

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